Biographie.

Résistants honorés:

Elie de Chaunac de Lanzac




Biographie Son arrestation. Bordeaux Lafayette L'affaire Lespinasse.


Sources: "Mémorial des fusillés de Souge"
Archives familiales de Monsieur Henri de Chaunac
Récit de Claude de Chaunac, fille d'Elie.


La journée du 11 juillet
telle que put la vivre Claude de Chaunac avec sa mère.

"De la matinée de ce 11 juillet, peu de choses si ce n'est la routine."

"Papa part au travail, comme d'habitude. maman et moi faisons notre petit train-train. En rentrant à midi, papa nous dit qu'il y aura, certainement, du grabuge avant le soir. Maman, une fois de plus, le supplie de partir. Il n'a rien voulu savoir et, donc, déjeune avec nous. Comme il le faisait de temps en temps, il est allé s'étendre faire une petite sieste, en nous demandant de le réveiller à deux heures et quart."

"Maman et moi parlions dans ma chambre quand, tout à coup, nous avons entendu des coups de feu ! Je suis sortie précipitamment dans la rue où des gens couraient. Un homme est passé à côté de moi en disant: "Rentrez vite, les Allemands ne sont pas loin". Ce pauvre homme était terrifié."

"Nous avons réveillé papa et sommes partis à pied de la maison; papa, son vélo à côté de lui. Il y avait peu de monde dans la rue. Nous avons ainsi "fait" toute l'avenue de l'Ermitage. A un moment, papa m'a demandé de regarder derrière nous afin de voir si nous étions suivis. En fait, il y avait un type de chaque côté du trottoir. Hasard ? Fait exprès ? Ils avaient les mains dans les poches. Aux dires des voisins, nous avions à peine quitté la maison qu'un détachement S.S arrivait. Constatant notre absence, ils laissaient des miliciens sur place."

"Arrivé à la barrière du Médoc, papa demanda à maman de ne pas me laisser rentrer seule à la maison."

"- Je ne veux pas que vous soyez séparées; je ne sais ce que vous allez faire, mais restez ensemble.Tu pourrais aller chez Maguy, vers quatre heures, si tu veux, mais, surtout, soyez le plus possible toutes les deux ensemble."

"Nous sommes allés en ville. Papa est parti sur son vélo. Où ? Je ne sais pas, mais pas à son bureau où les S.S se trouvaient déjà."

Claude et sa mère se trouvèrent séparées. Madame de Chaunac revint la première.

"Je reviens un instant à maman. Lorsqu'elle voulu ouvrir la porte, lors de son retour à la maison, impossible... puis, deux secondes après, la porte s'est ouverte. Devant elle, sept types, sept mitraillettes. A peine remise de son émotion, maman a dit à celui qui était le chef de ce joli troupeau:"

"- Ma fille va rentrer, cachez vos armes, elle va être effrayée."

"J'ai eu le temps de les voir après."

Claude revenait plus tard à la maison.

"En arrivant à la grille, j'ai regardé la maison et trouvé bizarre que les rideaux du salon bougent. Je chantonnais, heureuse de jouer les filles uniques !! Je voulus ouvrir, mais la porte était fermée à clef. Je m'apprêtais à faire le tour de la maison quand, tout d'un coup, la porte s'est ouverte. Sept hommes étaient là, dans l'entrée. Maman, dans un coin, avec un regard que je n'ai jamais oublié. Elle a voulu faire un geste vers moi, mais un de ces hommes lui a demandé de rester tranquille ! Un autre homme était assis et ne disait rien."

"Je voulais faire quelque chose; aller dans la rue au devant de papa... Mais ces cochons m'ont avertie que si je mettais le nez dehors, ils n'hésiteraient pas à tirer, et ils ont sorti une partie de leur artillerie. J'avais une frousse noire, mais je n'ai rien montré. Maman,la même chose... Ils ont commencé par me dire que j'avais de beaux cheveux, de beaux yeux, bref, pour me demander:"

"Alors, où étiez-vous le jour X? Avec votre père, à Périgueux ?"

"Maman était dans un coin du salon, moi, dans l'autre. Voyant que je répondais en disant que j'étais à l'école et que, à part cela, je ne m'occupais de rien, ils m'ont tiré les cheveux et j'ai eu droit à un revolver sur la tempe. A un moment, j'ai voulu m'asseoir. Un de ces messieurs m'a pris le bras, m'a repoussée et j'ai vu les armes. De la frousse çà devint de la terreur! Je voyais déjà papa et maman morts. J'avais peur... mais je me taisais toujours."

"Il n'y a qu'un moment où j'ai demandé au bonhomme qui était assis pourquoi, lui, ne m'interrogeait pas. Il a secoué la tête et m'a répondu:"

"- Ils m'ont pris pour votre père !!"


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