En créant ce site, "Ce que fut la Résistance en Gironde", je souhaitais mettre en place un pôle documentaire afin de mieux faire connaître à nos contemporains ce que fut globalement la Résistance départementale; il était évident que le nécessaire était déjà fait pour les grandes figures régionales. Pour celles-ci nous ne manquons pas de documents, d'archives, d'articles et, bien sur, de livres qui, depuis la Libération ont parfois usé le sujet. Par contre, combien d'anonymes ou de quasi inconnus restent oubliés.

C'est ainsi que, depuis fort longtemps, je restais insatisfait en consultant la liste des fusillés de Souge dans laquelle se retrouvent personnages connus et inconnus. Parmi ces derniers je citerai Elie de Chaunac de Lanzac. Peu d'information au départ. Toutefois, le patronyme, par lui-même, laissait entrevoir une souche ancestrale qui ne pouvait disparaître sans laisser de trace. Après quelques recherches, j'eus le plaisir de prendre contact avec Monsieur Henri de Chaunac, fils du défunt, résidant en Belgique et qui voulut bien me faire partager les informations en sa possession.

Elie Auguste Honoré de Chaunac de Lanzac de Montlogis est né le 30 avril 1904, dans l'Aveyron, à Cabannes, sur la commune de Brommat. Il est le cinquième enfant d'une famille de huit (5 filles et 3 garçons).

Après des études secondaires, il effectuait normalement son service militaire, en Algérie, dans un régiment de spahis en terminant avec le grade de sergent.

Il se mariait le 7 septembre 1927 avec Suzanne Delpit qui allait lui donner cinq enfants. La famille habitait au 203 avenue de l'Hermitage, au Bouscat. Elie de Chaunac était alors agent technique à la station radiophonique de Bordeaux-Lafayette, organisme faisant partie de la Radiodiffusion française nationale, d'où, d'ailleurs, le maréchal Pétain diffusera son discours ordonnant la cessation des combats, le 17 juin 1940. Les studios de la station étaient, alors, au 136 rue Ernest Renan et l'émetteur à Carreire, avant de se retrouver à Néac, près de Libourne, mis en service par les Allemands, en 1941, pour relayer les émissions de Berlin et de Stuttgart.

Arrêté le 11 juillet 1944, à la lecture d'une lettre de dénonciation l'accusant lui et son épouse de menées terroristes, Elie de Chaunac fut exécuté le 1er août 1944; ce jour-là 48 personnes furent passées par les armes. Parmi elles, de nombreux résistants, connus et reconnus. Elie de Chaunac emporta avec lui cette part de mystère. Il en fut de même pour de nombreux résistants qui, conscients des dangers encourus se cachaient même de leurs proches.

La Libération venue, un résistant comme Max Dandonneau, répertorié dans les effectifs du réseau Marco-Polo, affirmait que "Monsieur de Chaunac... était nettement anti-allemand et avait la confiance de (ce) groupe". Il ajoutait encore "Nous l'avions contacté pour lui demander de nous aider, dans la mesure de ses possibilités, pour limiter le brouillage des émissions de la radio de Londres, et nous avions remarqué qu'effectivement ces émissions étaient meilleures lorsque Monsieur de Chaunac était de service. Il connaissait la plupart des membres de notre formation et aurait pu nous faire tous arrêter s'il l'avait voulu. Aucun de nous n'a jamais été inquiété. Je ne sais pas si Monsieur de Chaunac a été affilié à un groupe de résistance quelconque, mais il était indiscutablement un excellent Français qui a été victime, sans aucun doute, de son activité anti-allemande".

"Cet homme était, par ailleurs, de conduite, moralité et honorabilité irréprochables."

Que dire de plus, si ce n'est que sa famille, ignorante de ses activités, constatait de fréquents voyages, mystérieux autant que courts, en direction du Périgord ou de l'Orne. Que penser de l'implication possible d'Elie de Chaunac dans l'exécution de l'avocat général Lespinasse ainsi que l'avançait le commandant allemand Drake ? Cela serait acceptable si l'on pouvait attester de la complicité d'Elie de Chaunac avec les F.T.P qui montèrent cette opération. Actuellement, nous ne trouvons pas de confirmation de cette participation.

Par décision du 21 mars 1956, le Ministre des Anciens Combattants accordait le titre d'Interné politique à Elie de Chaunac de Lanzac.