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ENTRETIEN AVEC GUY CHATAIGNE

LE 19 NOVEMBRE 1999 à MERIGNAC à 14 heures 30

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Il s'agissait du Kommando Klinker, un Kommando et un complexe industriel s'organisant autour d'une immense briqueterie -dont Hitler avait eu pour objectif qu'elle soit la plus grande d'Europe pour construire Germania qui devait être la super Berlin -et une fonderie. Une trentaine de Français, peut être plus, ont été affectés à cette fonderie et c'est là où je travaillais, aux côtés de Guy Ducos où nous nous sommes connus, où un groupe homogène de Français fut constitué, un groupe de travail pour assurer l'écoulement des produits finis. Il s'agissait de grenades, les grenades une fois fondues devaient être transportées. D'abord la fonte devait être transportée dans des moules où les grenades se formaient, ces moules devaient être brisés pour que les grenades soient détachées, ces grenades devaient ensuite être amenées au fond de l'usine, concassées et prêtes à être usinées dans un usine voisine, attenante à cette briqueterie dont je vous parlais à l'instant. Ce travail incombait donc à un groupe de 10 Français. Ce fut en quelque sorte une chance de se trouver entre Français malgré les petits heurts qui ne manquaient pas de se produire de temps à autre entre tous ces fils de Gaulois. Nous avons eu cette chance car il faut bien comprendre qu'un déporté français, au milieu de Russes, de Polonais ou de Tchèques, connaissait rarement des heures de quiétude. Nous avions une certaine indépendance de fait même si nous n'avions pas de prérogatives. De plus, ce serait malhonnête de ne pas le dire, on nous avait alloué un minuscule Zulage, ça veut dire un supplément de nourriture, qui consistait en une petite tranche de pain et un petit peu de speck [lard]. Cela pouvait paraître minuscule mais c'était considérable, c'était considérable par rapport à notre misérable ration parce que le travail était, là, devenu pénible. Le travail de fonderie, c'est un travail lourd, pour des bras démusclés. Et puis, nous travaillions dans une atmosphère torride et humide; nos chemises étaient très rapidement durcies, du sel se dégageant de notre organisme avec la sueur , autant de raisons de craindre une déminéralisation. Il y eut rapidement des gens parmi nous qui ont été reconnus inaptes au travail en raison de leur affaiblissement, ils ont été sélectionnés, retirés de la fonderie, affectés dans un Scharwtztransporter «transports noirs», un de ces transports dont on ne connaissait pas la destination et dont on ne voyait jamais revenir les gens.

Nous étions à la fin d'été l'automne et au début d'hiver 1944-1945. Les choses avaient marché à grands pas sur tous les fronts. Nous y étions attentifs. Nous étions dans cette fonderie quand Paris s'est soulevée. Nous étions encore à Heinkel lorsque le débarquement du 6 juin 1944 a eu lieu. Nous étions déjà à Klinker lorsque Paris s'est libérée seule, un événement qui n'a pas pu être dissimulé même au travers des chroniques allemandes. La participation de la Résistance française, le rôle joué par les Français en Afrique du Nord, en Italie, la remontée du Rhône, la reconquête de l'Alsace, tout ça apportait du crédit aux Français, nous gonflait d'espoir et d'un certain orgueil, c'était de la fierté plus exactement. Mais cela nous a surtout valu l'immense avantage de retrouver pleinement crédit auprès des détenus des autres nationalités, notamment des Polonais et des Tchèques qui avaient eu beaucoup plus tôt à souffrir de la détestable politique de la France. Sans soute peut-on dire que ces Russes ou ces Polonais, ces Ukrainiens ou ces Tchèques auraient du comprendre que les Français qu'ils avaient à leurs côtés, au camp avaient eux-mêmes combattu cette politique là. Mais il ne faut pas trop en demander à la nature humaine. Donc, après avoir en butte à l'hostilité, y compris les Espagnols d'ailleurs qui avaient été aussi maltraités que vous pouvez l'imaginer dans les camps où ils avaient été accueillis, je parle des soldats républicains espagnols et des réfugiés en 1939. Est venu le Noël, le Noë1 1944, le dernier hiver, un hiver rigoureux. Je me souviens et Guy Ducos aussi, des fois où la fonderie était en arrêt parce que les fours avaient été sabotés, un bloc de fonte s'était constitué dans le cubilot, c'était une bonne chance: la production était suspendue. Mais, on nous affectait dehors sous la neige à trier du fer ou de l'acier, des baïonnettes, des culots d'obus. La peau collait littéralement à ces objets métalliques par le gel. Durant l'hiver, du moins à l'occasion de Noël, alors que le pont roulant que Guy Ducos conduisait pour transporter les ferrailles ou les objets de fonte tel que je l'ai indiqué, le pont roulant était en panne (sabotage) et nous avions donc eu quelque répit même si les Allemands ne nous laissaient pas inactifs. A cette époque, ce fut vraiment de la magie pour les déportés que nous étions. Nous avons reçu quelques colis de la Croix Rouge algérienne. L'Algérie était redevenue libre et la France aussi. Par un cheminement que les Allemands, sentant le vent tourner, ont accepté, ces colis nous furent remis. Oh naturellement en raison de leur poids et du nombre de parties prenantes, cela ne faisait pas grand chose mais chacun se souviendra toujours du goût de cette confiture aux oranges amères, d'une tranche de biscuit et cela sentait déjà bon la France. L 'hiver allait pourtant être rigoureux tout au long et, du même coup, meurtrier.

Là, mon sort personnel s'est trouvé modifié parce qu'avec un autre camarade qui était cheminot dans les pays de Loire, tous les deux et nous deux seulement, nous fûmes retirés de la fonderie de Klinker pour être affecté dans un kommando à Heinkel, à nouveau à Heinkel, une usine d'assemblage qui se trouvait dans le complexe de Klinker, à 400 mètres de la fonderie où nos compétences de riveteurs avaient dû être remarquées puisque nous fûmes réemployés comme riveteurs. Ce n'était pas une tâche très lourde parce que le matériel manquait, il y avait différents motifs pour que la production ralentisse. Mais il fallait faire semblant d'être occupés. La particularité, c ' est que, bien que travaillant à quelques centaines de mètres de la fonderie, nous ne dépendions plus du camp de Klinker.

Dans les tous premiers jours de janvier, je fus donc affecté à ce minuscule kommando de Heinkel et nous étions chaque jour acheminés en wagons -navettes à l'usine Heinkel que nous retrouvions; voyage de nuit, le soir, le matin, tout de nuit, c'était l'hiver, dans des wagons plombés, transports... autant de temps pris sur notre sommeil, d'autant plus que les nuits n'étaient faites que d'alertes successives, d'alertes aériennes à l'occasion desquelles on nous sortait des blocks pour aller nous réfugier à l' extérieur du camp, dans une partie extérieure au camp mais bien ceinturée de barbelés. Donc vous voyez un petit peu: pleine nuit, le froid et reprendre le travail le matin. Nous étions totalement accablés de sommeil et de fatigue. Et cette manœuvre a eu lieu deux ou trois fois. Au début de ma nouvelle affectation, j'ai trouvé le moyen une ou deux fois de me rendre, en trompant la vigilance, en passant à travers les barbelés, les barbelés d'un Kommando à un autre n'étaient pas électrifiés, pour aller voir mes camarades de fonderie. C'est ainsi que j'ai revu notamment Guy Ducos. Les semaines ont passé, semaines d'hiver, puis les premiers rayons de printemps de plus en plus soutenus. Un jour, un bombardement coupa la ligne de chemin de fer que nous empruntions pour la navette de chaque nuit et nous nous trouvions du côté de Klinker. D'autres se trouvaient bloqués du côté de Heinkel. C'est ainsi que j'ai retrouvé à nouveau le petit camp de Klinker, mais dans un block différent. Je revoyais mes anciens copains. C'était en mars. Je n'ai pas été réaffecté à la fonderie mais, dans le grand complexe d'usinage. Je dois dire, honnêtement, qu' avec la vieille expérience que j' avais acquise, j' ai tout fait -et j 'y suis parvenu –à finalement ne pas avoir d'affectation de travail précise. Je n'ai pratiquement rien « foutu », me transportant d'un côté ou de l'autre avec un outil quelconque pour tromper l'ennemi et puis la vigilance était un petit peu relâchée autour. Est venu le 10 avri1 1945. Le 10 avril 1945, beaucoup de camarades l' ont connu aussi, ce fut le jour de ce bombardement effroyable qui rasa en début d'après-midi, le camp de Klinker et qui détruisit les installations industrielles, notamment la fonderie. Nous avons encore, moins d'un an après le bombardement de Heinkel, vu bon nombre de nos camarades qui ont été ou déchiquetés, ou brûlés par des bombes incendiaires, ou soufflés par les explosions. C'en était fini, en tant que lieu de travail, c'en était fini de Klinker.

Nous étions donc le 10 avril. Les choses avançaient encore de plus en plus sur tous les fronts. A l' occasion des bombardements, nous pouvions prendre connaissance des tracts en allemand qui indiquaient la position des fronts et qui incitaient les Allemands à forcer leurs gouvernants à capituler pour mettre un terme à leurs souffrances. Ainsi, nous savions que la fin était vraiment proche. Mais, cette situation n'était pas sans exciter dangereusement les S.S qui tiraient à bout portant et à tous bouts de champ en toutes circonstances et en toute heure du jour et de la nuit. Tout le monde fut replié sur le grand camp qui était concentrationnaire, oh combien puisqu'on donnait à deux, trois voire quatre par châlit. Il y avait là des dizaines et des dizaines de milliers de détenus dont certains mêmes n'ont jamais été immatriculés parce que les détenus provenaient des différents camps en quantité telle, je le répète, qu'ils étaient là bien enfermés mais point tous immatriculés. C'était le temps de la fin, nous le sentions bien d'autant plus que nous entendions déjà la canonnade sur le front est, c'est à dire sur l’Oder, même à l'ouest de l'Oder, à l'approche de Berlin. Et ce front progressait vite.

Les bruits de l'évacuation du camp se sont répandus. Tout le monde pensait qu'il allait y avoir une évacuation et tout le monde la redoutait. Les Allemands, les politiques allemands qui connaissaient bien les S.S, redoutaient qu'il y ait une extermination de l'ensemble des détenus qui fut d'ailleurs projetée. Bon, l' extermination n'a pas eu lieu au camp. Les quelques trois ou quatre mille détenus qui se trouvaient dans les Reviere -les Reviere, ce sont les hôpitaux, les bâtiments où on était censé soigner les gens -tout le monde redoutait beaucoup, tout le monde redoutait qu'ils soient passés au lance-f1ammes. En fait, la Croix Rouge internationale est intervenue -nous ne le savions pas -comme elle était intervenue sur les conditions de libération des femmes de Ravensbrück, nous ne le savions pas davantage. Finalement, un beau jour, nous avons donc quitté le camp, c'était le dimanche 21 avril, nous avons quitté le camp&; l'évacuation du camp à pieds a duré toute la journée, nous fûmes parmi les derniers sans être les tous derniers, on s'est retrouvé par groupes de 100. Il y avait là des gens de toutes nationalités, nous étions aussi un petit groupe de Français qui avait tenu à rester ensemble, Guy Ducos et moi étions de ceux-là. Et, encadrés toujours de près par les S.S et leurs chiens, après avoir été pourvus d'un morceau de pain, de margarine, de saucisson, nous avons pris la route. Nous avons pris la route à la fois avec appréhension et espoir car nous avions le sentiment et même la certitude que c'était la dernière ligne droite et que ça allait être celle de notre fin à nous ou de la liberté. Nous voulions encore être confiants. Nous avons tout de suite connu des conditions d'évacuation épouvantables. La première étape fut courte car nous avons été pris par la nuit. Nous avons couché en rase campagne, sur place, sous la pluie, entourés par les S.S. Au petit matin, nous avons repris la route. Il fallait marcher, marcher à une cadence que les S.S voulaient soutenue car ils redoutaient l'irruption des Soviétiques qui investissaient déjà Berlin et qui allaient deux jours plus tard libérer le camp. Or, exténués comme nous l'étions, un peu hébétés, il faut le dire, de fatigue, de froid et de faim et de soif, nous n'en pouvions plus. La cadence était lente et que les colonnes s'allongeaient, s'effilochaient, ce que les S.S ne pouvaient pas tolérer puisque tous les retardataires, toutes les queues de colonne étaient systématiquement abattues d'un coup de revolver dans la nuque et rejetées dans le fossé ou laissées sur place sur la route. En certains cas, nous avons vu, dès le deuxième jour, les S.S retirer un détenu pour un prétexte ou pour un autre de la colonne, l'amener dans le champ voisin, avec une pelle lui demander de creuser sa fosse et l'abattaient d'un coup dans la nuque et un autre détenu devait refermer la fosse. C'était la terreur : la faim, bien sûr, la soif que nous étanchions du mieux que nous pouvions en happant des grêlons qui tombaient dans nos couvertures tendues. Et puis, une halte a eu lieu dans un bois, le Bois de Below qu'on appelle aussi le « Bois de la Mort », tout comme cette marche est appelée aussi « Marche de la mort », où nous sommes restés nous; certains y sont restés moins longtemps, certains n'y sont restés qu'une nuit, nous sommes restés trois jours, et trois nuits. Dans ce bois, des gens. se trouvant subitement à l'arrêt ont sombré, sont morts, l'effort n'étant plus soutenu, ils sont morts; d'autres se sont raccrochés à la vie -j'étais de ceux là - ont ramassé des herbes, des grains, des graines d'arbres, de frênes, des pissenlits ou des herbes similaires qui ne sont pas forcément comestibles. On a fait bouillir ça du mieux qu'on a pu. Je me souviens, j' étais allé chercher de l'eau dans une gamelle dans une ferme qui était encore comprise dans la zone; mais où il y avait risque de s'aventurer parce qu' on y avait entendu des coups de feu. Néanmoins, j'y suis allé, mon déplacement a été long selon Guy Ducos qui le rapporte par ailleurs car il ne savait pas si j'allais revenir. Finalement, nous avons pu faire bouillir nos trucs et se sustenter de chaud sinon de consistant. Nous avons laissé dans ce bois de nombreux morts. 55 ans après, des inscriptions figurent toujours sur les arbres qui sont pour beaucoup des messages outre-tombe. Certains ont survécu et ont retrouvé leurs inscriptions 55 ans... des années après, dans une écorce présentant un cicatrice dilatée par le temps.

Nous avons quitté le bois et trois ou quatre jours encore, nous avons dû marcher, marcher. L'espoir était d'autant plus tenace, c'est que, du temps où nous étions dans ce bois, nous avions vu les premiers camions de la Croix Rouge qui, assez mystérieusement, ont emmené un certain nombre de détenus, peu nombreux : des Suédois, des Norvégiens et des Allemands. Ils nous ont d'ailleurs laissé quelques vivres qui devaient se traduire par une cuillerée, une cuillerée à soupe de farine, un morceau de sucre. Comme pour le colis de Noël à la fonderie de Klinker, tout cela nous rapprochait de la liberté, désormais de la liberté puisque ces camions venaient de zones libres, de zones libérées. Manifestement, nous sentions que les fronts se resserraient, c'était vraiment le temps de la fin. Nous nous attendions donc au pire ou au meilleur. Et effectivement, le 1er mai, les cloches sonnaient dans les villages allemands, les cloches sonnaient et dans chaque bois, chaque sapinette en général, où nous avions passé la nuit, nous laissions de plus en plus de morts. Ils mouraient la nuit où ils mouraient le matin parce qu'ils étaient trop lents pour prendre place dans les rangs et ils étaient abattus. C'est ainsi que j'ai vu mourir un breton des plus sympathique que nous appelions « Kénavo » parce qu' à Compiègne, il nous chantait sa complainte Kenavo. Il est mort là stupidement d'une balle dans la nuque. [silence] Et le 1er mai allait être pour ce qui me concerne, mais ce qui concerne aussi Guy Ducos et beaucoup d'autres, le dernier jour complet de marche. Le lendemain, 2 mai, alors que nous avions essuyé des bombardements, les passages d'avions de chasse qui mitraillaient les colonnes, ne distinguant pas ce qui était soldat, ce qui était réfugié, ce qui était déporté. C'était la confusion la plus indescriptible, nous étions toujours tenus de près par les S.S de plus en plus nerveux.. Et le 2 mai, les choses se sont encore poursuivies. Nous entendions de toutes parts des bruits de fusillades; c'était souvent des camarades qui étaient exécutés par des SS dans des carrières alentour, dans des sous-bois. Et nous continuions toujours d'avancer avec un relâchement marqué, un relâchement en nombre de la part des S.S. L'explication était simple: les S.S commençaient de s'enfuir. Bien que Guy Ducos et moi nous nous étions aventurés -inconscience peut être -hors des rangs dans cette colonne qui cheminait bien lentement désormais; nous sommes allés dans une cour de ferme, espérant trouver quoi ? Un oeuf? ...quoi donc. ..quémandant pour subsister. Nous nous étions jetés également sur des chevaux qui avaient été abattus par la mitraille et que nous déchiquetions du mieux, souvent à mains nues ou avec une mauvaise lame et ce faisant, nous ne pouvions que recevoir des coups de matraques ou des baïonnettes. Et là, je me souviens, avec Guy Ducos, miraculeusement, un S.S nous a ramené dans les rangs sans faire feu. Je crois qu'il avait perdu toutes ses illusions et en tout cas de son panache. Et là, dans les heures qui ont suivi, ce fut la liberté.

L'étudiante: «Vous m'avez montré une lettre de votre mère et vous, avez-vous pu correspondre avec elle puisqu'à un moment donné les Allemands ont autorisé les correspondances ? »

« Je vous ai dit que d'une part je lui avais glissé ce mot sous la robe et que par la suite, nous avions écrit, je ne sais plus, une ou deux fois un courrier-type qui se voulait rassurant. Et, puisque nous parlons de courrier, je crois que quand j'étais au camp, j'ai envoyé une dizaine de lettres. C'est un avantage qui n'a pas été donné à tout le monde. Il se trouve que ceux de mon convoi, tous ceux de mon convoi: Dupau, Piat, ont pu écrire comme moi-même, sur des lettres courtes, sur un imprimé en allemand où il fallait écrire en allemand. Donc c'était des lettres qui se répétaient, d'une part parce qu'on ne pouvait pas dire grand chose parce qu'on ne pouvait pas dire la vérité, mais que l'on pouvait par contre demander ce dont nous avions besoin. Et, de ce point de vue là, j'ai été beaucoup mieux loti que Guy Ducos qui, étant du convoi suivant qui est arrivé trois ou quatre mois plus tard à Sachsenhausen, pour des raisons qui sont restées assez mystérieuses, ils n'ont pas pu écrire ou écrire très très peu de fois et ont également été moins bien lotis que nous en ce qui concerne la périodicité des colis. Mais mes parents, par le fait même qu'ils recevaient, certes en allemand, une lettre de mon écriture, avaient la preuve qu'à telle date j'étais encore vivant et savaient en tout cas là où me situer même si, au fil du temps, savoir qu'on avait un enfant ou un mari dans un camp de concentration n'était pas rassurant puisque la vérité sur les camps de concentration allait être un peu connue avant même qu'ils soient libérés. »


Le chant des marais