| 
      
      Biographie. Résistants honorés. Dupuis Jacques.  | 
   
| Présentation. | Résistance | Déportation. | L'enfer. | 
      
      
      Marche de la mort.  | 
      Retour à la vie. | 
Eloge prononcée par M. Guy Chataigné, compagnon de déportation
lors de la remise de la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur à Jacques Dupuis.
Au début de l'année 1943, il est appelé aux Chantiers de Jeunesse, 
institués par le gouvernement de Vichy.
Il est affecté à Lavardac, puis à Barbaste dans le Lot-et-Garonne.
En raison de ses compétences et de son sérieux, il va être rapidement appelé au poste de commandement du groupe de Lavardac.
 
Il aura à se manifester en tant que résistant car ce groupe va être attaqué par les maquisards du groupe Mireille. Il s'agit pour 
eux de se pourvoir en équipements, en vêtements dont les maquisards ont le plus grand besoin.
Jacques Dupuis, qui a encore une vie légale, parvient, par un subtil jeu d'écriture, à minimiser le niveau de la saisie ainsi 
opérée.
Se trouvant, quelques temps plus tard, en permission chez ses parents, il reçoit une inquiétante convocation, l'invitant à se 
rendre à une instance de police, à Limoges, sans autre motif. Jacques flaire le piège, et rejoint immédiatement le maquis. C'est 
ainsi qu'il se trouve, au Tauriac, dans la forêt de la Double, cette forêt qui s'étend de Saint-Aulaye à Ribérac, puis à Saint 
Vincent de Connezac. Là, il rencontre une soixantaine de camarades, des jeunes qui, pour la plupart, ont fui le Service du 
Travail Obligatoire en Allemagne; ce Service du Travail Obligatoire contre lequel il a, à plusieurs reprises, distribué des tracts 
des Forces Unies de la Jeunesse afin que ces départs vers l'Allemagne soient stoppés ou, en tous cas, réduits.
Au maquis, il fait l'apprentissage d'une vie nouvelle. Ils vivent difficilement dans des granges retapées. Ils s'emploient à un 
maniement d'armes, nouveau pour eux. Ils sont encadrés par quelques rares adultes. Ils s'approvisionnent en armes provenant de 
proches parachutages. Ces jeunes, tous animés d'un égal sentiment patriotique, ont hâte d'en découdre. L'occasion va leur en 
être fournie, sans doute plus vite qu'ils ne le pensaient. C'est ainsi, que le 3 novembre 1943, leur camp, qui représente une 
emprise de plusieurs hectares au fond des bois, est cerné, à midi, par des centaines - cinq à six cents - d'uniformes kaki et 
bleu foncé: G.M.R et gardes mobiles. Ils demandent les sentinelles et ordonnent une reddition immédiate. En réponse, les maquisards 
ouvrent le feu. 
Le combat, terriblement inégal, va durer une heure. Mousquetons et pistolets contre mitrailleuses et fusils-mitrailleurs. Jacques, 
armé de son seul mousqueton, va avoir, de bout en bout, une conduite héroïque qui est d'ailleurs rapportée par la citation du 
19 août 1953, signée Vincent Auriol, René Pléven étant alors des ministres de la Défense. Ce n'est pas d'hier.
Jacques est, comme tous ses camarades, faits prisonnier. La reddition était inéluctable. Ils déploreront six blessés dans leurs 
rangs. Ils ne savent pas les pertes qu'ils ont pu infliger à l'ennemi. Enchaînés, ils sont amenés à la prison Belleyme, à 
Périgueux. Ils subiront là des interrogatoires sans rigueur excessive de la part des policiers français. Ils apprendront que 
six d'entre eux, des camarades géorgiens que le commandant Mireille avait recrutés alors qu'ils étaient incorporés dans l'armée 
allemande. Ces six camarades, ne parlant que le russe, ont été pendus par les menottes à la caserne Bugeaux, devenue caserne 
allemande, et fusillés pour l'exemple devant le front des troupes.
En début d'année 1944, ils sont emmenés au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe, dans le Tarn. Ils rencontrent là essentiellement des 
résistants, également un certain nombre de détenus politiques. Ils occupent la baraque 9 où sont des maquisards de qualité, tombés 
aux mains de l'ennemi. Au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe, Jacques Dupuis va faire la connaissance d'un camarade qui est chef 
d'une baraque voisine. Il s'agit de Denis Pichelin, un champenois, ardent patriote, que nous sommes quelques-uns ici à avoir 
accompagné à sa dernière demeure, dans le petit cimetière de Montussan, en février 1986.
La vie se prolonge sans trop d'aspérités. C'est cependant là, à Saint-Sulpice-la-Pointe qu'ils apprennent le débarquement allié 
en Normandie, ce qui décuple leur vigueur et leur désir d'agir. Ils s'opposent par la force à l'introduction des gardes-mobiles 
dans leur baraque. Cette attitude vaudra à un certain nombre d'entre eux un transfert à la Centrale d'Eysses, ca qui n'est pas 
une promotion.