La Gironde sous l'occupation.
La poche du Médoc.

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Groupe de Résistance "Jean Dufour"
Mouvement: O.C.M.
Lieu: le Médoc.

Sources:
"Le front du Médoc", une brigade F.F.I. au combat.
Fonds Calmette, 62J - SC 504
Historique des unités combattantes de la Résistance, de la Barre de Nanteuil

Etats nominatifs Procés-verbaux Historique Sommaire

MINISTERE DE L'INTERIEUR
Direction générale de la police nationale
Bordeaux, le 28 juillet 1944

Rapport

Le commissaire principal
Chef de la Vème brigade régionale de police de sûreté
A Monsieur le Commissaire divisionnaire
Chef du service régional de police de sûreté
Bordeaux

Objet: A/S opération effectuée par des détachements de troupes d'occupation dans la zone située au sud de Lesparre (Gironde),
le 25 juillet 1944.

Référence - vos instructions verbales.

J'ai l'honneur de vous rendre compte du résultat des investigations effectuées conformément à vos instructions, dans la région située au sud de Lesparre (Gironde), à la suite d'une opération entreprise par les troupes d'occupation.

Au cours de ces dernières semaines, plusieurs attentats, agressions à main armée, vols et même assassinats, ont été signalés dans la région qui peut être approximativement délimitée par les localités de Lesparre - Hourtin - Vertheuil - et Saint Germain d'Esteuil.

Le 25 juillet courant, à l'aube, 200 hommes environ appartenant à diverses unités des troupes d'occupation renforcés par quelques auto-mitrailleuses, ont investi le triangle formé par les routes G.C.1 - G.C.3 et G.C.3 à l'est au lieu-dit "la Cardine", soit une superficie approximative de 60 à 70 km².

Cependant que des contrôles très rigoureux étaient exercés sur les véhicules, cyclistes et piétons circulant sur les routes précitées, des perquisitions sévères étaient pratiquées chez divers habitants, notamment aux lieu-dits "les Bouchonnets" et les "Hauts de Garnaout" (commune de Lesparre) Liard et St Gaux (communes de St Germain d'Esteuil) et "Nodris" (commune de Vertheuil).

Les renseignements que j'ai pu recueillir sont certainement incomplets, toutefois il est permis d'affirmer que le nombre des victimes initialement communiqué, au terme des opérations en question, dépasse de beaucoup la réalité.

A ma connaissance, il y aurait eu: huit tués, deux blessés et une vingtaine de personnes maintenues en état d'arrestation et transférée à Bordeaux à la disposition de la Sicherheitspolizei.

Les victimes sont:
Seurin Raymond, né le 15/08/1923 à Lesparre (Gironde), célibataire, cultivateur, demeurant à Liard, abattu dans cette localité sur la route G.C.1.
Mortagne Jean Robert Michel, né le 11/04/1925 à Lesparre (Gironde), célibataire, ouvrier horticulteur, demeurant chez sa grand-mère à la mairie de Lesparre.
Karciavskas Jean, né le 23/11/1919 à Virbalés, de nationalité lituanienne, demeurant aux "Bouchonnets", commune de Lesparre, abattu à proximité de son domicile.
Luceyran, née Brumace, Marie, le 27/03/1915 à Lesparre (Gironde), cultivatrice (mari prisonnier de guerre), deux enfants, demeurant à Conneau (Commune de Lesparre), tuée à Liard.
Aubin Jean, né le 25/03/1866 à Gaillan (Gironde) cultivateur, marié, deux enfants demeurant à la Caussade (commune de Vertheuil), découvert sur le territoire de la commune de Cissac à proximité de la route G.C.1, au nord de Burady.

Et enfin:
Deux jeunes gens, non encore identifiés, retrouvés aux "Vignes Oudides", commune de Lesparre et transportés dans cette localité, dans la soirée de ce jour.

Les blessés au nombre de deux sont:
Mme Vve Dejean, née Octavin, Gabrielle, le 11/11/1889 à Liard (commune de Lesparre), cultivatrice, transportée au Pavillon de la Mutualité à Bordeaux (siège social, 45 cours Galliéni) assez grièvement atteinte d'une balle dans les reins et:
Le sieur Tuffreau, demeurant à Liard, légèrement blessé.

Parmi les personnes appréhendées, une vingtaine, comme il est indiquée plus haut, huit seulement ont pu être identifiées. Il s'agit des nommés:

de Larrocque-Latour Guy, né le 11/04/1922 à Saint Sornin (Vendée), célibataire qui dirigeait l'exploitation vinicole et forestière du chaâteau de Nodris.
de Larrocque-Latour Antoine, né le 17/01/1925, à Saint Sornin (Vendée), célibataire, frère du précédent.
Bernon Alexandre, né le 20/12/1897 à Saillans (Gironde) marié, cinq enfants, métayer au château Nodris.
Bernon Guy, né le 26/01/1926 à Bordeaux, ouvrier agricole, célibataire, fils du précédent, demeurant chez ses parents au château Nodris.
Herbert Ferdinande, née le 22/10/1905 à St Vincent sur Graon (Vendée) célibataire, cuisinière au château Nodris.
Seurin Jean, né le 03/02/1920 à Vertheuil (Gironde) bûcheron, résinier, célibataire, demeurant à la Caussade (commune de Vertheuil). Castaing Marc, né le 29/02/1920 à Saint Sauveur (Gironde) propriétaire y demeurant et:
Chappelan Emile Guillaume, né le 07/05/1921 à Lesparre (Gironde) célibataire, cultivateur, demeurant à Causseran (Gironde).


Il y a lieu, en outre, de mentionner que, sur le territoire du hameau de Liard, une grange appartenant à M. Pinet Louis et abritant du matériel agricole et du foin, ainsi que trois granges appartenant à M. Petit, et renfermant une charrette chargée de gerbes de blé, du matériel agricole et un veau incendiés.

Au même endroit, deux chevaux appartenant respectivement à M. Petit, précité, et M. Horstein, ont été tués.

Au "Haut Garnaout", trois maisons ont été incendiées. Enfin, le château de Nodris a été une grande partie détruit par l'incendie et à l'aide de grenades.

Je précise, à nouveau, que le nombre des morts ne peut être donné comme officiel. Des recherches sont activement poursuivies par les municipalités des diverses communes sur les territoires desquels se sont déroulés les incidents succinctement relatés dans le présent rapport.

Il semble cependant que seuls, parmi les victimes: Mortagne - Karciavskas, et les deux jeunes gens non encore identifiéq, faisaient effectivement partie du maquis.

Quant aux personnes arrêtées, dont huit seulement, à ce jour, ont pu être reconnues, j'ignore les raisons qui ont motivé la mesure les concernant.

J'ai donné toutes instructions à M. le commissaire de police de Lesparre pour poursuivre les investigations en cours et vous fournir, dès que possible, les renseignements complémentaires qu'il sera susceptible de recueillir ultérieurement.

Le commissaire prinipal
P.S. Vilchien