Mérignac, sous l'occupation.
© ville de Mérignac - 9/9/1994


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     Le 6 juin 1944 fut le déclenchement de l'étape finale de la Libération. La nouvelle du débarquement des Alliés en Normandie fut connue des Mérignacais par la radio à 12h30, d'après Maurice Rémon.

Le débarquement marquait l'ouverture, tant attendue, du second front de la guerre en Europe. Pour la réussite de cette opération, le concours, sur place, de toute la résistance intérieure était nécessaire, de manière à fixer les troupes d'occupation en arrière du nouveau front, à entraver leurs manoeuvres et leurs communications par tous les moyens.

Dans la banlieue de Bordeaux, des groupes déjà constitués restaient actifs malgré les coups sévères que leur avaient portés la Gestapo bordelaise et les drames consécutifs à leurs divisions internes. Ils se préparaient à agir dès que le signal en serait donné. A Mérignac, il y en avait au moins deux: le groupe de l'usine Peugeot et le groupe dit de Pierre Chatanet (ou Chatané ou Chatenet).

Au 1° janvier 1944, le groupe de l'usine Peugeot aurait compris 32 hommes. Son action consistait alors à multiplier les sabotages. Il était rattaché à l'O.C.M. (Organisation civile et militaire). Dès que furent organisées les F.F.I., sous le commandement du général Koenig, il s'y rattacha.

Le groupe Chatanet apparut lorsque le major Roger Landes "Aristide", officier du War Office, reprit en mains, en mars 1944, ce qui restait en Gironde du réseau S.O.E. (Secret Operation Executive) French Section fondé par le colonel Buckmaster et qu'il réussit à coordonner l'action avec l'O.C.M. et l'A.S. (Armée secrète). Au 16 mai 1944, ce groupe aurait compris 45 hommes, nombre que des arrestations vinrent bientôt réduire à 25. Jusqu'au 6 juin, son action consista essentiellement à réunir des renseignements utiles sur les installations restantes de la Luftwaffe à Beutre-Teynac après les bombardements.

L'organisation des F.F.I. commença à prendre tournure, en mai 1944, avec l'arrivée à Bordeaux du colonel Moraglia "Dufour" comme commandant des F.F.I. pour la région B (Sud-Ouest) avec mission d'assurer la coordination de toutes les actions.

Dans le même temps, le Comité central girondin de la Résistance (dont faisaient partie Robert Brettes et Gabriel Delaunay) se rapprocha du général Moraglia et de Gaston Cusin, désigné comme commissaire de la République de Bordeaux par le gouvernement d'Alger, en vue de mettre sur pied le futur Comité départemental de Libération.

Le 2 juin 1944, la Résistance fut mise en état d'alerte dans l'imminence du débarquement.

Le 6 juin, dans la soirée, suite à l'ordre d'action reçu dans la nuit précédente, le groupe Chatanet aurait saboté les câbles souterrains qui reliaient le château du Parc, Q.G. depuis janvier du général von der Chevallerie (commandant de la 1ère armée stationnée à Bordeaux), avec la base de la Luftwaffe.

Le 13 juin, le major "Aristide" était informé que ses groupes étaient rattachés aux F.F.I., mais que son autorité régionale, comme délégué du SHAEF, était provisoirement maintenue, en attendant que le colonel Charles Gaillard "Triangle", désigné peu après comme délégué militaire (représentant du général Koenig) pour la région B, fut présent sur le terrain, ce qui advint à la mi-juillet. La meilleure entente ne régna pas entre les trois chefs militaires régionaux pour des raisons qui dépassent le simple propos mérignacais.

Par ailleurs et peu après, le général Moraglia plaça les groupes isolés sous l'autorité d'un délégué militaire départemental, le colonel Troquereau "Neuf". On n'a pas pu recenser, à ce stade, de manière certaine, d'autres groupes d'action mérignacais qui auraient été créés en juin ou en juillet 1944.

L'armement des groupes existants ne s'effectua pas au moyen de parachutages sur Mérignac, puisque aucun n'a pu être recensé pendant toute la durée de la guerre, mais plus probablement par les armes reçues de parachutages opérés en Gironde et contrôlés par les groupes "d'Aristide". Les autres ne pourraient l'avoir été que par des armes procurées clandestinement ou prises à l'ennemi.