La Résistance en Gironde.

Saint-Philippe-d'Aiguille.

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Sources documentaires:


Sud-Ouest
du mardi 25 avril 1989

Vallée de la Dordogne, Saint-Philippe d'Aiguilhe.

Le temps n'efface pas tout.
Quarante-cinq après, toutes les blessures de l'occupation allemande ne sont pas encore cicatrisées.



Dimanche matin, sur la place du village il y avait des anciens combattants, des gerbes et la batterie-fanfare de Lussac qui sous les rayons du soleil attendait qu’on lui donne l’ordre de se mettre en place. Un ordre qui ne viendra jamais car à côté de tout cela il y avait aussi quatre brigades de gendarmerie (suivant la préfecture un gradé et huit gendarmes, lettre du 25 mai 1989) prêtes à intervenir pour empêcher que la cérémonie se déroule au pied du monument aux morts puisqu’elle avait été interdite par arrêté municipal.

Les faits remontent à avril 1944. Une femme du hameau de Bouzy, madame Peyrat, était tuée par une grenade jetée dans sa maison lors d’une opération menée par la force publique aux ordres de Vichy. Un jeune gendarme trouvait également la mort. Déporté, monsieur Peyrat succombera au camp de Neuengamme.

La famille Peyrat, communiste, avait recueilli un commando de maquisards, venu de la forêt de la Double, en Dordogne, qui avait déjà quittés les lieux au moment du drame.

Pour le comité Dordogne-Sud de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance et son président Emile Guet, cette famille a été dénoncée aux forces d’occupation. L’association revendique donc pour les deux victimes le titre de "Morts pour la France" et l’inscription de leurs noms sur le monument aux morts de la commune.

Une inscription qui a toujours été refusée, depuis que la demande en a été faite, par les municipalités qui se sont succédées.

Quarante-cinq après, il est encore impossible de savoir le fond de la pensée de ceux qui ont vécu les évènements. En l’absence du maire, malade et alité, c’est le premier adjoint qui a vérifié sur place le respect de l’arrêté communal pris "pour la sauvegarde de la tranquillité publique.".

A Bouzy.

Les membres de l’A.N.A.C.R n’ont pas cherché à affronter les forces de l’ordre. Leur intervention était avant tout symbolique ce qui n’empêchera monsieur Michaud, président du comité départemental de la Gironde et délégué aquitain pour l’organisation des manifestations l’an prochain du 50ème anniversaire de l’appel du 18 juin et du 100ème anniversaire de la naissance du général de Gaulle, de porter l’affaire devant les instances supérieures.

Une gerbe a été déposée quelques minutes plus tard au pied de la stèle de Bouzy, sur un terrain privé, en présence des trois orphelins Peyrat.

Derrière des larmes difficilement retenues, transparaît la douleur toujours vive mais surtout l’incompréhension.

Philippe Mesnildre.