Biographie.

Résistants honorés.

Chalifour Louis.

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Eloge funèbre Corps franc "Marc"

Eloge funèbre prononcée le 2 ocotbre 2007.
En l'église Sainte Eulalie à Bordeaux
par le lieutenant-colonel André Jolit

Après tant d'autres de nos camarades de combat qui nous ont quitté, c'est à ton tour de prendre la route qui nous unira tous, quand les lampes seront éteintes. Il ne restera bientôt plus que la mémoire et le souvenir des moments intenses partagés, dans la période de la Résistance par les derniers acteurs.

Tu as bien rempli une vie faite de labeur et d'entreprise, où, après avoir donné le meilleur de toi-même dans les combats pour la liberté retrouvée, tu as fondé une famille aujourd'hui dans le deuil partagé.

Avec beaucoup de simplicité, l'étalage de tes actions n'a jamais été dans tes intentions, et je ne peux poursuivre ce modeste éloge sans rappeler cette authentique attestation qui, dans sa sobriété, présente une série d’actions parmi bien d’autres – elle émane d’un responsable. Je lis:

Je soussigné Lucbert, ex-capitaine FFI et commandant le secteur de Résistance n°6, demeurant à Grignols, certifie avoir eu sous mes ordres, en qualité d’artificier, dans le groupe FFI, le nommé Chalifour, dit « Charles », du 31 juillet au 28 août 1944.

Le lendemain de son arrivée à mon maquis, il réussit à faire sauter deux ponts, obligeant ainsi à l’ennemi, qui se disposait à nous attaquer, a effectuer un détour, ce qui nous permit de gagner du temps. Le 22 août, notre groupe fut attaqué par des forces ennemies en nombre dix fois supérieures aux nôtres.

comme il nous était impossible d’emmener tous nos véhicules, Chalifour les mina, provoquant des pertes à l’ennemi, lorsque celui-ci voulut les utiliser.

Le 18 août, un détachement de 28 hommes dont je pris le commandement, réussit à chasser de Bazas, 200 Allemands, à s’emparer de plusieurs de leurs véhicules, à blesser ou tuer une trentaine d’ennemis.

Chalifour qui faisait partie de ce détachement se comporta remarquablement bien.

Le 23 août, il me demanda l'autorisation de quitter mon groupe pour regagner Bordeaux afin d'y reformer le Corps Franc auquel il appartenait antérieurement. Il a durant tout le temps qu’il est resté sous mes ordres, fait preuve d’esprit de discipline et d’initiative et fait montre d’un réel courage. »


De retour à Bordeaux, poursuivant la lutte, tu as été présent aux combats sur le Front du Médoc, blessé, tu as obtenu des distinctions méritées; Chevalier de la Légion d'Honneur au péril de la vie, de la Croix de Guerre 39/45, de la Croix des Volontaires de la Résistance et d'autres médailles.

Depuis la libération de la France, tu n'as jamais cessé de participer à tous les rassemblements de patriotes commémorant tous ces combats, dans le cadre du Corps Franc "Marc", du Front du Médoc et dans le devoir de mémoire au sein du Souvenir Français. Attentif à la relation des faits vécus, parfois déformés, ton souci de vérité l'emportait sur toute considération.

Avec de multiples responsabilités dans le monde combattant, tu nous avais habitué à de nombreuses rencontres toujours enrichissantes. Ta famille et tes amis aujourd'hui t'accompagnent et rendent l'hommage de ton engagement dans cette lutte, où il fallait une volonté particulièrement forte pour la poursuivre, un courage extraordinaire dans un consentement journalier au pire, dans la crainte lancinante de la défaillance, voire de la trahison.

Louis, tu resteras dans notre souvenir comme tu es toujours dans notre amitié.

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