La Gironde sous l'occupation.
Le groupe "Grand-Pierre".

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La ligne de démarcation en Gironde, Philippe Souleau.
Bordeaux, 1940-1944, René Terrisse.
Histoire des unités combattantes de la Résistance, général de La Barre de Nanteuil.
Fonds Calmette 62J1

Grand-Pierre Tableau nominatif Historique

 

Articulation du groupe

Date Rattachement Officiers Sous-officiers Troupe Effectif
01/01/1944   2 6 48 56
01/06/1944   2 6 48 56
01/07/1944   4 17 75 96
28/08/1944   4 17 75 96
octobre 44 1ère Armée et détachement de l'Atlantique        

Actions particulières.
Dates Lieu Effectifs Type Résultats Pertes
05/05/1944 Saint-Martin-de-Sescas. 14 Sabotage 26.000 litres de carburants brûlés  
11/05/1944 Sauveterre-de-Guyenne. 11 Coup de main Réquisition essence Ennemies: 8 tués, 42 blessés
19/05/1944 le Puy. ? Attaque Attaque du camp matériel auto + ravitaillement
02/06/1944 Saint-Martin-du-Puy. 5 Embuscade Blessés Allemands Amies: 3 tués
11/07/1944 Targon. 7 Attaque d'un barrage allemand Ennemies: 2 tués
Amies: 1 blessé
11/07/1944 Mauriac. 36 Attaque allemande du camp Amies: 4 tués
11/07/1944 Saint-Léger-de-Vignague. 35 Parachutage Attaque allemande Amies: 5 tués - Matérielles
/07/1944 Saussac. 7 Embuscade Attaque allemande Ennemies: 3 prisonniers
/08/1944 Fallotte (47). 15 Coup de main Voie ferrée Ennemies: plusieurs tués
Amies: 2 blessés


Pierre Vincent était âgé de dix-huit ans lors de la capitulation. C'est la fin de son rêve; il ne pourra rentrer à l'école de mécanicien de Paimpol malgré sa réussite au concours d'entrée. Sa détermination à combattre est grande; très rapidement, il entre en contact avec le groupe nommé l"Heure H". La répression sévit et décime le groupe. La seule solution restante est de disparaître. Pierre Vincent se réfugie à Marseille où il est bientôt contacté par le chef du réseau "Evasion". Ses missions le conduisent en Espagne puis en Afrique du Nord. Il sera interpellé, en Algérie, par la police de Vichy, avant d'être incarcéré au Fort Nicolas, à Marseille.

Il sera libéré après seize mois de prison et reprendra contact immédiatement avec le chef du réseau "Evasion". Il assurera la liaison entre Marseille et Bordeaux. De nouveau arrêté, il est condamné à cinq ans de prison, pour atteinte à la sûreté de l'Etat, par le tribunal militaire d'Aix-en-Provence. Pierre Vincent échappe à cette peine puisque nous le retrouvons dans la région bordelaise, en janvier 1944, date à laquelle il met sur pied, avec Maxime Lafourcade, un maquis d'une quinzaine d'hommes. Sous le nom de "Grand-Pierre" le maquis s'installe entre Monségur et le Puy. Le groupe portera le nom de Grand Pierre. Quelques jours plus tard, Pierre Vincent est visité par un groupe de personnes, toutes membres du réseau "Wheelwright". Il lui est proposé de travailler avec cette organisation, tout en conservant sa liberté d'action, de choix stratégiques et de commandement. En échange, Grand Pierre serait approvisionné en armes. Un accord est donné et Grand Pierre devient le bras armé du réseau Wheelwright. Au début du mois d'avril 1944, Pierre Vincent fait par hasard la connaissance de Stanislas Girynowicz. Chef du groupe Stanis, ce polonais de vingt-deux ans a quitté la Dordogne depuis plusieurs jours avec une quinzaine d'hommes, après avoir perdu contact avec son groupe à la suite d'un accrochage avec les Allemands. Réfugié dans les bois à proximité de Soussac, Girynowicz accepte de devenir le lieutenant de Pierre Vincent.

Après deux sabotages communs à Saint-Martin-de-Sescas et Sauveterre-de-Guyenne, Pierre Vincent, devant l'afflux de réfractaires, propose à Girynowicz, par mesure de sécurité, de scinder le groupe en deux. Grand Pierre installe son nouveau camp au Puy tandis que Stanis établit son poste de commandement dans les environs de Sauveterre-de-Guyenne.

Le 3 mai 1944, une voiture militaire allemande tombe dans une embuscade et ses occupants sont capturés par les maquisards du lieutenant Pierre Vincent (alias "Grand Pierre") au Puy, près de Monségur. Seul le chauffeur français, Hubert M. parvient à s'échapper et alerte aussitôt la gendarmerie de la Réole, ainsi que la Kommandantur locale. Le lendemain, une colonne allemande, commandée par l'oberlieutnant Boziel, se rend dans la commune de Gironde, où une dizaine de personnes sont arrêtées. Deux jours plus tard, le gendarme Albert Rigoulet, chef de la Résistance de la Réole, est capturé. Il sera déporté, après avoir été torturé pendant plusieurs jours. De nombreux dépôts d'armes sont saisis par les Allemands. Quelques jours plus tard, le même détachement allemand attaque le maquis "Grand Pierre", qui réussit à décrocher sans la moindre perte, pour se réfugier à Mauriac.

Après l'alerte du Puy, le maquis "Grand Pierre" s'était réfugié à Mauriac. Malheureusement, début juillet, un agent du SD, Louis Tournier, se faisant passer pour un résistant, avait pu repérer le maquis, après infiltration. Le 9 juillet, un parachutage, a lieu sur le terrain de Saint-Léger-de-Vignagues. Cette opération prévue de longue date, figurait sur un document trouvé au PC d'"Honoré", rue Millières à Bordeaux. Les maquisards ne se sachant pas découverts, viennent, dans la nuit du 10 au 11 juillet, récupérer le matériel parachuté. Ils se trouvent encerclés par les Allemands, accompagnés de quelques membres de la GFP 644 et de plusieurs hommes du CVF de Besson-Rapp. Quatre maquisards, Maurice Lafourcade, Elie Juzans, Roger Mahieux et un jeune inconnu sont pris, torturés et assassinés près d'une mare, tandis que le gros de la troupe parvient à rejoindre Mauriac. Toutefois, pendant la fuite, quatre autres maquisards sont capturés. Trois sont fusillés sur le champ. Ne voulant pas subir le même sort, le quatrième, René J., âgé de dix-huit ans, révèle qu'une ferme appartenant à un nommé Bry sert de cachette pour les armes. In indique également un dépôt de vivres dans une maison de Mauriac où se sont réfugiés quatre maquisards, qui sont, à leur tour, abattus. Le jeune homme dénonce enfin le docteur Gérard Guibert, qui a donné des soins à des maquisards blessés en l'absence du docteur Rousset, au domicile duquel les Allemands trouvent un blessé, Jean Clavé, qui est achevé d'une balle dans la nuque. Quant à Auguste Bry, sa ferme est pillée et incendiée. Il s'en tirera avec quelques violences, de même que sa femme et leur fille enceinte.