Compte rendu sur l’affaire Elie Gintrac
Le 26 juin 1944

Le dimanche 25 juin 1944, Dédé le Basque a un rendez-vous où il avait failli se faire prendre, nous réunit, Jeannot, Jules et moi-même, nous explique en quelques mots ce qui s’était passé, et nous dit qu’il avait rendez-vous le lendemain, c'est-à-dire le 26 juin 1944, avec ces mêmes individus, et qu’il flairait un piège , qu’il faudrait y aller bien armé ; comme le danger ne nous avait jamais effrayé, nous allions affronter celui-ci avec le sourire. Ce rendez-vous était fixé à 11 heures du matin dans la rue Elie Gintrac, derrière la Faculté de médecine de Bordeaux.

Le jour fixé nous arrivons environ vers 10h30 de manière de faire une visite des lieux ; comme l’avait si bien prévu mon cher camarade Dédé, le coin était infesté de Gestapo, ou des policiers de la S.A.P. ce qui était la même chose. Nous passions notre chemin tranquillement. Dédé me dit « tu vois ce gonze là, eh bien c’est un poulet et je vais lui demander ses papiers pour savoir à qui nous avons à faire. Chose dite, chose faite. Dédé revient l sourire aux lèvres me dit « C’est un Gesta et un Français. Il a des papiers qui lui donne droit aux perquisitions choses qui en France un divisionnaire a à peu près la même chose. Ma réponse a été : Cà va chauffer tout à l’heure ». Nous nous quittons. Lui va du côté de l’homme en question et moi je rejoins Jeannot. Il n’’y avait pas une minute que j’étais avec lui que je sens un coup assez violent dans les côtes ; comme si je recevais un coup de pouce. C’était un canon de revolver et un homme au fort accent germanique me somme de le suivre. D’un coup d’œil j’envisage la situation ; nous étions tous pris à l’exception de notre cher regretté Dédé. Les agents de la Gestapo, qui étaient en grand nombre, nous firent entrer dans le hall d’un marchand de fromages qui forme l’angle de la rue. Là, aussitôt, mains en l’air et fouille sommaire ; Jeannot désarmé d’une grenade, son revolver était oublié. Moi, mon revolver enlevé et une grenade laissée dans une poche de veste. Ils étaient heureux ces messieurs du joli coup de filet ; quelques minutes se passent. Celui qui était le chef, un Allemand, petit de taille, une voix de fille et qui n’arrêtait pas de crier, dit à un de ses hommes d’aller chercher le policier français  qui se trouvait sur le trottoir en face. Ce n’était que notre Dédé qui, tout fier, entre là-dedans en se frottant les mains et pour cacher son jeu dit « Vous les avez ? » Le chef de la Gesta bondit presque sur lui et le somme de lever les mains ; ils discutent quelques mots. Remords de conscience, le Boche lui fait mettre les mains sur la tête.

Auparavant, le chef avait dit à un autre homme d’aller chercher la voiture pour nous emmener.

Dédé, docile, met ses mains sur la tête. Le chef, content, se retourne pour bien nous regarder, je vois encore son sourire. Au même moment, trois coups de feu tirés très vite et je vois presque dans un éclair tomber le chef de la Gestapo. J’ai fait un bon de côté. Je me suis trouvé dans la rue perpendiculaire à la Faculté de médecine. J’ai pris ma grenade prête à me défendre. Je voulais la lancer dans la voiture au cas où un camarade aurait été emporté. Plusieurs coups de feu étaient échangés, d’après moi, j’évalue le nombre à environ 60. tout d’un coup, je vois sortir quatre hommes comme des éclairs ; c’étaient mes camarades qui étaient libres. (nous étions cinq prisonniers). A cet instant, j’en fit de même, mais pas du même côté. C’est alors qu’un homme de la Gestapo me prit en filature et que j’ai perdu après plus d’une heure de marche dans les rues de Bordeaux. Après çà, je suis allé rejoindre mes camarades dans la rue Riauzac où se trouvait notre PC.

Nous nous sommes tous embrassés, heureux de s’en être tous sortis avec la peutr.

Je peux dire une chose : sans l’intervention de notre cher Dédé, il me serait impossible d’écrire ce compte-rendu, car nous étions tous voués aux tortures et à la mort certaine.

Encore une fois, merci à ce héros et martyr que fut notre regretté chef et camarade André Bouillar dit « Dédé le Basque »

Compte-rendu écrit par moi, Georges Fabas, pour le commandant Bouillar, père du héros obscur, mort pour la France le 22 août 1944



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