Le groupe de combat "Aquitaine".

Documentation: Françoise Beïs-Chartier.

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Ce groupe est né de la réaction patriotique de quelques amis, à la suite de l'appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940. Comme tant de français, ils n'admettaient pas la France mise hors de combat sans essayer de sauver au moins l'honneur du pays.

Faisant suite à l'état de prostration, de découragement et de honte, provoqué par le discours d'un  Maréchal de France et la demande d'armistice, chacun d'eux reprenait espoir et cherchait de par quels moyens ils pourraient, eux, simples unités humaines anonymes , contribuer au redressement militaire de la France. Alors, ils tâtèrent les esprits et les sentiments de leur entourage, leurs anciens camarades, leurs clients et leurs fournisseurs, et il acquirent vite la conviction qu'il était possible de tenter quelque chose. Quoi? Comment? Ils n'en savaient rien. C'était quelque chose de nébuleux encore, mais qu'ils sentaient devoir se concrétiser. Dans l'impossibilité de se mettre en rapport avec Londres, ni de contacter un réseau, ils décidèrent d'agir seuls. Mais la plupart des membres du groupe étaient des hommes d'un certain age, ayant fait la guerre de 1914-1918, qui ne voulaient, ou ne pouvaient, prendre le maquis, ni se lancer dans des actes de sabotage ou harceler l'occupant. A la clandestinité, ils préféraient le combat face à face, au grand jour et les armes à la main. 

Cet état d'esprit suggéra aux chefs de mouvement l'idée d'organiser un groupe de combat pour le moment de la Libération par l'insurrection nationale; ce fut un succès. Des chefs de section furent désignés, recrutant leurs hommes. Des cadres furent formés, les rouages administratifs mis en place. D'anciens officiers et sous-officiers, parfaitement au courant des services de l'armée, aideront à l'organisation militaire du groupe. Celui-ci voyait son effectif grossir, semaine après semaine, d'une façon impressionnante. Alors que de nombreux mois avaient été perdus en tâtonnements, une fois les buts précisés et l'élan donné, le groupe se révéla par des qualités supérieures et une homogénéité parfaite.

Au moment de la Libération, son effectif était de 1.500 hommes, en y comprenant la section formée à la Poudrerie de Saint Médard. Des délégations de la Police, de la Gendarmerie et quelques G.M.R., s'étaient mis en rapport avec le groupe, pour appuyer son action.

Une semaine avant la Libération, le groupe fit visiter adroitement tous les locaux occupés par les troupes de la Wermacht et les services allemands, civils et militaires. Cette mesure avait pour but de déceler et connaître approximativement les effectifs ennemis encore à Bordeaux. La mission fut accomplie avec succès, grâce au sang-froid, à l'audace et au courage du jeune lieutenant qui en avait été chargé. Dés le 25 août, le groupe avait été mandaté pour assurer la police du 8ème arrondissement. Le contact fut pris et le commissariat occupé, ainsi que les points stratégiques principaux de ce secteur.

Lors de l'action avec l'arrière garde allemande, le dimanche 27 août 1944, la liaison fut établie entre le P.C. et les maquisards du groupe Docteur, pour régler la pénétration du maquis, dans la ville et plus particulièrement dans le quartier de la Victoire.

Après la Libération de Bordeaux, 755 jeunes gens du groupe, furent encasernés à l'école  Saint-Genés, et mis à l'instruction. Tout l'entraînement militaire y est fait d'une façon intensive, par 25 officiers, les uns de carrière, les autres de réserve.

Par décision du chef F.F.I de l'agglomération bordelaise en date du 11 septembre 1944, le groupe est promu au titre de GROUPE de POLICE "d'AQUITAINE".

Une délégation de pouvoirs signée par :

Le lieutenant-colonel TROQUEREAU, chef départemental des F.F.I. de l'agglomération bordelaise, Le colonel DRUILHE, commandant d'armes, le colonel MARTEL, chef des F.T.P.-C.C.F.L. et TRIANGLE, délégué militaire, est donnée au capitaine SIMONIN, commandant du groupe, " pour  exercer toutes les mesures de police indispensables pour le maintien de l'ordre public, tant en ce qui concerne les groupes F.F.I., que la population civile. Son autorité s'étend auprès des groupes F.F.I,  F.T.P., et C.C.F.L".

.Les opérations de police marchent de pair avec l'instruction des soldats, et, lorsque, le 15 novembre 1944, tous les groupes F.F.I furent dissous, le S.N. avait constitué environ 500 dossiers de mise en accusation, qui furent reversés au B.Doc.(capitaine SCHALLENBERG). 114 affaires avaient été instruites et transmises à la P.J, au Tribunal militaire, au B.S.M etc...

L'effectif armé du collège Saint-Genés fut affecté au 144ème Regt. d'Infanterie où il servit à former un bataillon.

Des contingents furent fournis pour les fronts du Médoc et d'Allemagne, ainsi que sur la frontière des Pyrénées, avec le 170ème R.I.

Quelques uns ne sont pas revenus, certains éléments du groupe sont partis en Extrême-Orient, et y défendent l'honneur et le prestige de la France.