La Résistance en Gironde.


Le Service du Travail Obligatoire.





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Histoire de Vichy, Jean-Paul Cointet.
Proposition de loi du 24 juillet 2002, tendant à l'attribution du titre de reconnaissance de la Nation
aux réfractaires du service du travail obligatoire, présentée par M. Yves Cochet, Mme Martine Billard et M. Noël Mamère.
Bordeaux 1940-1944, René Terrisse
Au coeur du III° Reich", Albert Speer


S.T.O. Les réfractaires Camps d'éducation
de travailleurs


Les Arbeitserziehungslager (A.E.L.)
Camps d'éducation par le travail

Dés 1940, le R.S.H.A., office suprême de sécurité du Reich, mettait en place des camps destinés aux travailleurs allemands et aux ouvriers étrangers présents sur le territoire allemand, qu'ils soient annexés ou occupés, condamnés à de courtes peines. La progression des alliés en territoire allemand déversa sur le monde incrédule l'horreur des camps de concentration et d'extermination. L'impact produit fut, pour longtemps, l'ultime degré de la bestialité que nul ne pouvait comprendre. La Shoah marqua les esprits. La tunique rayée était le symbole de l'incompréhensible. Peu de gens, alors, reconnaissaient les A.E.L., un sigle qui, dans sa simplicité, représentait les "camps d'éducation pour travailleurs forcés".   

Il y eut au total, semble-t-il, 106 A.E.L. en Allemagne, durant la seconde guerre mondiale.Le chiffre, donné par la Croix-Rouge internationale d'Arolsen, ne serait pas définitif mais resterait supérieur à la centaine. L'ignorance générale est surprenante lorsque l'on sait que de nombreuses recherches et études ont été effectuées sur une importante documentation abandonnée par l'administration nazie. D'où vient alors cette sorte d'indifférence ? Une raison d'importance est que les internés des A.E.L. travaillaient déjà en Allemagne, soit à titre de "volontaires", soit au titre de la "relève" ou encore du S.T.O. Ils arrivaient donc à l'A.E.L. par le biais de prisons allemandes; d'autre part, leurs familles, en France, les savaient "travailleurs" et ne pouvaient connaître leur détention. Eux, seuls, pouvaient porter l'information, or, apparemment, ils recherchaient l'oubli peut être écrasés par l'implacable présence des rescapés de la Shoah et autres survivants des camps de concentration.

Et pourtant, l'existence des A.E.L. est incontestable. On peut considérer que les premiers A.E.L. établis en 1939 furent: Hinzert, Vicht, Homburg et Bergzaben. Ils étaient déjà en place lorsque Heinrich Himmler
définissait l'établissement et le fonctionnement de ce type de camp, cela un peu plus tard, en 1941. Donc, dés 1939, arrivaient dans ces camps des travailleurs de l'organisation Todt chargée de la construction des ouvrages de défense. Dés l'origine, la vie au quotidien fut difficile au camp d'Inzert, laissant déjà entrevoir de sombres lendemains. La création, en 1942, de six nouveaux camps allait confirmer ce souhait de mieux suivre les travailleurs mis à disposition, en dehors des déportés raciaux et politiques. Himmler les destinait officiellement à tous ceux ayant failli aux obligations les liant par leur contrat de travail, c'est à dire, aux paresseux et à ceux qui représentait un danger pour le moral des travailleurs. Pour ces gens-là, une reprise en main semblait s'imposer en vue d'une "éducation". Initialement, il fut déclaré que les A.E.L. n'avaient pas pour but de recevoir des "politiques". Ceci fut rapidement démenti par l'arrivée de travailleurs condamnés par leurs convictions politiques ou par la race.

Créés et mis en place par Himmler les A.E.L. ne sont pas alimentés, semble-t-il, par la police ou par la Gestapo mais, directement par l'industrie qui, malgré tout, reste supervisée par la Gestapo; on sait que l'empire SS étendait son emprise sur le monde économique et industriel et qu'il recherchait, lui aussi, de la main d'oeuvre compétente et bon marché. Albert Speer, ministre de l'Armement, le constate à ses dépens: 
"Dans une lettre, datée du 7 mai 1944, Schriber, un des directeurs généraux, attira mon attention sur le fait que la SS s'appliquait à faire usage de son droit de disposer des travailleurs, pour les mettre au service de son expansion économique. En outre, la SS montrait de moins en moins de scrupules à soustraire de nos usines, un grand nombre de travailleurs étrangers, en prenant pour prétextes les infractions mineures qu'ils pouvaient commettre, pour arrêter les délinquants et les transférer dans ses propres camps. Mes collaborateurs évaluèrent à 30 ou 40.000 ouvriers qui nous furent retirés, tous les mois, au printemps 1944. C'est pourquoi, je déclarai à Hitler, au début de juin 1944, que je ne pouvais supporter la disparition de 500.000 travailleurs par an"  

Initialement, comme nous l'avons vu, le but de ces camps était le contrôle et l'éducation des travailleurs forcés étrangers comme allemands.Il n'était pas question de punition.L'envoi en A.E.L. était une action possible de l'employeur qui, à la fois accusateur et juge, remettait ensuite le travailleur à la Gestapo pour la sentence et son exécution.Officiellement, il n'y a pas de punition. Par ailleurs, il n'est de l'intérêt de l'employeur d'abandonner une main d'oeuvre tant recherchée par ailleurs. Le maximum de la peine fut fixé à 56 jours, temps jugé suffisant pour parfaire l'éducation du travailleur. Des peines plus courtes furent appliquées mais le commandant du camp  avaient la possibilité d'étendre le séjour de périodes de 56 jours additionnelles. Cette dernière solution étant la règle, l'allègement étant l'exception. Il arriva même que le camp de concentration fut l'étape complémentaire.

Les conditions de vie et de travail en A.E.L. étaient telles que le SS Kaltenbrunner déclarait:
"Je dois tout d'abord constater que les A.E.L. de la Police de sécurité ne constituent pas un séjour de repos. Les conditions de travail et de vie sont, en général, plus dures que dans les camps de concentration. Ceci est nécessaire pour atteindre le but recherché et cela est possible car le temps de détention en A.E.L. n'excède pas généralement quelques semaines quelques mois tout au plus."

Admettons déjà que deux mois étaient suffisants pour qu'un homme perde 20 kilos, la peau sur les os... Il avait droit quotidiennement à deux sandwiches, un demi litre de soupe aux choux et, parfois, une tasse de café. Malheur à l'homme malade car l'assistance médicale était des plus inexistantes La règle générale appliquée voulait qu'un homme ne pouvant travailler ne pouvait manger. Les malades, non assistés, mourraient sur place. L'emploi du temps quotidien n'était pas fait pour des hommes (ou des femmes) faibles: des semaines de travail de sept jours avec le lever à 4h30, l'appel à 5h00, la mise en place à 5h30 et le début du travail à 6h00 pour une durée de 12 à 14h.dans des carrières, sur des chantiers de déblaiement après bombardement, à des travaux de terrassement ou à la construction de bunker avec, parfois, le déterrement de bombes explosées. Des travaux effectués dans des conditions d'hygiène effroyables, sans aucune sécurité, le corps couvert de poux; certains travailleurs enviant le sort de celui qu'on allait pendre. Dans le camp 21, 720 décès dans la période de janvier 42 à janvier 1943. A Nordmark, 500 morts entre mai 1944 et la fin des combats (1/4 des prisonniers). A Lahde, un camp ayant une capacité d'accueil de 700 prisonniers, décès de 800 travailleurs dans une période de 22 mois A Wulheide, 3.000 morts sur 30.000 prisonniers.

Les traitements corporels ne manquaient pas de vigueur et de rigueur: les gourdins et les matraques en caoutchouc qui permettaient de battre un homme jusqu'à la mort; ou encore la pendaison ou la fusillade, Le résultat: une mortalité oscillant entre 10 et 20% des prisonniers.

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