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Mandel Georges
Lettres de mademoiselle Claude Georges Mandel.

Extrait du bulletin n°12 de R.U. (mai 1990)

A Philippe Pétain A Pierre Laval



Les lettres ci-dessous ont été adressées recommandées aux femmes Pétain et Laval pour qu'elles ne tombent pas dans la corbeille à papier d'un membre du cabinet et qu'elles soient lues au moins par quelqu'un de la famille.


Monsieur le Maréchal,

Je suis une petite fille de France et, malgré mon jeune âge, je tiens à faire auprès de vous un résumé d'un peu de son histoire.

Je m'appelle Claude Georges Mandel et j'ai suivi mon père pas à pas dans la martyrologie que vous lui avez imposé pendant plus de quatre ans.

J'étais à Bordeaux le 17 juin 1940, lorsque vous l'avez fait arrêter, quelques heures après votre arrivée au pouvoir, pour vous en excuser ensuite.

J'étais en Afrique du nord quand vous l'avez fait traduire devant la justice militaire, dans l'espoir, sans doute, qu'il serait fusillé.

Je l'ai suivi à Chazeron où, malgré son non-lieu, vous l'avez fait incarcérer, dans son ignoble réduit de Pellevoisin, à Vals, dont le gêolier-chef Courrier s'est montré un valet si raffiné de vos consignes que vous l'avez décoré de la Légion d'Honneur.

J'ai encore dans l'oreille votre voix condamnant, de votre propre autorité, mon père à la détention dans la forteresse du Portalet pour présomptions.

Et je suis allée au Portalet.

Je n'ignore pas qu'aucun juge ne s'est jamais présenté devant lui pour lui poser une seule question, faute d'éléments pour un interrogatoire.

Mais j'ai dû le quitter quand vous l'avez livré à l'ennemi, fait inconnu dans l'histoire d'aucun peuple.

Aujourd'hui que les évènements ont parlé et ne lui donnent que trop raison, vous le réclamez à l'Allemagne, vous le faites revenir en France; ceux dont vous êtes le chef suprême, ceux qui vous prêtent serment, s'emparent de sa personne désarmée et l'assassinent au coin d'un bois.

Votre justice a passé et fait de moi une orpheline.

Mais pour le repos de votre conscience, je viens vous dire, monsieur le Maréchal, que je ne vous en veux pas. Le nom que j'ai l'immense honneur de porter, vous l'aurez immortalisé; grâce à vous, il brillera dans l'histoire comme un flambeau.

Car il n'évoquera, ce nom, ni capitulation, ni trahison envers des alliés, ni soumission à l'ennemi, ni tous les mensonges d'une époque qui nous a fait tant de mal.

Il servira d'exemple à la France et l'aidera à se retrouver - bientôt - dans le chemin de l'honneur et de la dignité.

Aussi suis-je fière de vous signer
Claude Georges Mandel



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Monsieur Laval,

Dans son désarroi et dans sa douleur, celle qui me tiens lieu de mère vous a adressé, il y a dix jours, une lettre dans laquelle, en bien grande humilité, se rappelant l'offre de vos bons offices, elle vous demandait des renseignements susceptibles de l'éclairer sur la mort de mon papa que nous avons apprise par les journaux et par la voix publique.

Vous n'avez pas daigné faire diligence pour lui répondre et sans doute ne le ferez-vous jamais. Laissez-moi vous dire, Monsieur Laval, que je vous comprends: vous avez honte.

Je suis encore bien petite et bien faible à côté de vous qui avez les Allemands pour vous défendre. Moi, j'ai les Français c'est vrai, et c'est d'ailleurs pourquoi, je ne vous demande pas de comptes comme j'en aurais le droit: ils s'en chargeront.

Je veux aussi vous dire, Monsieur Laval, que je plains beaucoup votre fille. Vous allez lui laisser un nom qui marquera dans l'histoire, mais le mien aussi. Seulement, le mien sera celui d'un martyr tombé assassiné pour avoir eu trop raison.

Claude Georges Mandel



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