René LECHNER

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Né le 14 août 1927 à Belfort. Enfance normale, scolarité jusqu’à l’age de quatorze ans. J’ai travaillé un peu comme boulanger, au début, pour aider la famille parce qu’au début ce n’était pas un travail rémunéré, je peux dire et ensuite je partis comme garçon de courses dans une pharmacie. Il faut dire qu’à l’époque on livrait les médicaments à domicile. Les gens déposaient les ordonnances dans les pharmacies et on allait livrer les médicaments à domicile.

Seulement, moi, ce n’était pas mon idée, mon idée c’était de faire la mécanique et j’ai trouvé une place de mécanicien chez un marchand de cycles. Je faisais de la réparation de cycles et du montage de cycles. A l’époque c’était çà. On recevait des pièces détachées et on montait les cycles. Et cela, jusqu’à la date de mon arrestation qui eut lieu le 1er septembre 1944. Je venais d’avoir 17 ans ; cela faisait 15 jours.

Je me rappelle, c’était le soir. J’étais avec mes parents, mon père et ma mère… J’ai deux sœurs mais elles se trouvaient alors dans une ferme aux environs de Belfort. Je ne peux dire l’heure exacte… il était à peu prés 21 heures. On écoutait la radio, celle que l’on ne devait pas écouter. On a entendu frapper à la porte. J’ai été ouvrir et je me suis trouvé en présence de feldgendarmes, la feldgendarmerie allemande. J’ai pris mon courage… J’ai dit: « Bonjour, messieurs. Peut-on savoir ce que vous désirez ? »

Ils sont rentrés. Mon père, je pense, a eu le temps d’arrêter la radio et de changer la chaîne. Et ils ont commencé par tout fouiller chez nous et ils nous ont embarqués tous les deux: mon père et moi-même.

J’ai su, par la suite, en fin de compte, le fin mot de l’histoire.

C’est qu’on faisait partie d’un groupe de résistance et mon père m’avait sollicité, puisque je faisais partie du groupe mais surtout en tant qu’agent de liaison (j’allais porter des lettres, c’est tout… c’était mon activité dans le groupe.). Et mon père m’avait demandé d’aller avertir certaines personnes qu’un agent de groupe, pas de notre groupe mais d’un autre groupe avait été arrêté. Il m’avait demandé d’informer nos connaissances de cette arrestation. On ne savait pas ce qui pouvait résulter de cet évènement. Sous la contrainte, à l’époque… Avertis ainsi par mes soins, ils sont partis… Mais, ce que je ne savais pas c’est que le gars avait des documents chez lui. On l’a su après la guerre. Sous la contrainte, il a certainement parlé de certaines choses. Et ils sont tombés sur des dossiers dont nous faisions partie. C’est pour cela que le groupe de mon père a été arrêté.

On a donc été transféré directement à ce que l’on appelait la caserne Friederich, à Belfort qui était une caserne occupée par la suite par le 35ème régiment d’infanterie. Et là on est resté du 1er jusqu’au 5 septembre. En cellule, seul, on allait tous les jours à la kommandantur pour subir des interrogatoires. Je ne peux pas dire, moi, que j’ai été terriblement malmené. Giflé, battu comme çà, c’est tout. Mais, par contre, j’ai d’autres camarades qui ont subi des tortures beaucoup plus graves. Moi, je ne savais rien… Je ne savais rien. J’étais l’idiot, le bête… J’ai essayé de faire passer mon jeune age… ce qui n’a pas pris beaucoup… parce ce que, pour eux, mon jeune age çà ne comptait pas. La preuve, ils avaient des gamins incorporés dans l’armée allemande, dans les « Jeunesses hitlériennes ». Donc… Je pensais que çà marchait, moi, mais non… Et, on est donc resté cinq jours, emprisonnés là… De là, on a été directement transféré sur Buchnwald.

Embarqués dans un train… Je ne sais si c’est le matin ou le soir… en

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