Roger DOUMAIN

Discours prononcé, à Abzac, le 20 mars 2005
par Guy Chataîgné


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La liberté a souri à Roger. Il n’a pas 23 ans.

Un mois plus tard, dans un flot de rapatriés faméliques, il touche le sol en France. Il retrouve Abzac et les siens. Il commence à émerger du cauchemar, hanté qu’il continue d’être par la somme des monstruosités dont il demeure imprégné.

Par son courage, sa ténacité, son esprit positif, il s’efforce de surmonter les graves séquelles de sa déportation. Mais l’atteinte est trop sévère; il est contraint de renoncer à une activité professionnelle. Par ses initiatives et la multiplication de ses centres d’intérêt, il donne un plein sens à son existence.

En épousant Micheline le 29 décembre 1951 il fonde un foyer qui répond à son profond esprit de famille.

Roger demeurera d’une fidélité et d’une amitié sans faille à l’égard de ses camarades déportés dont il partage les problèmes, les préoccupations, mais aussi les joies.

Il est unanimement apprécié pour sa franchise de propos, son non-conformisme, sa rectitude morale, son sens de l’honneur et du devoir.

Au fil des ans, hélas ! la morsure de la déportation va se faire plus cuisante ; sa santé se détériore, le contraint à un traitement de plus en plus sévère. Il en viendra à perdre une large partie de son autonomie.

C’est la période où, par la constance de son dévouement et la grâce de son affection, son exemplaire épouse va l’accompagner dans ses épreuves les plus marquantes, réduire, autant que faire se peut, les conséquences fâcheuses de la maladie et entretenir, à Bothereau, avec un goût consommé, ces petites choses de chaque jour qui donnent du prix à la vie.

Roger ne fut jamais à la recherche des honneurs ou des simples marques de reconnaissance lui revenant au titre de son passé.

C’est à bon droit que lui furent décernées, en leur temps, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre avec palme, la Croix de chevalier de la Légion d’Honneur. Ce faisant, la Nation a honoré un de ses fils parmi les meilleurs.

A l’instant de cet adieu,
au nom de tous ses camarades de souffrances auxquels Roger était lié par tant de deuils portés en commun,
qu’il nous soit donné de dire
à Micheline, son épouse,
à leurs trois filles:
                       Maryse,
                       Sylvie,
                       Isabelle,
à leurs quatre petits-enfants,
et à tous leurs proches,
combien nous partageons intimement leur douleur,
et de formuler la prière qu’ils trouvent ici tout le réconfort qui peut être escompté d’une chaleureuse amitié.