Libération-Nord.
Le manifeste.

(Allocution prononcée par Christian Pineau - Suite)


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La suite est simple, tout s'est déroulé selon le plan initial. Le manifeste est adopté et publié.

Il est trop long pour que je vous le lise mais j'aimerais que les syndicalistes d'aujourd'hui en prennent connaissance, s'ils ne l'ont pas déjà fait. Je le dis sans méchanceté, ils en tireraient quelques profits.

Je me contenterai toutefois de citer quelques passages qui vous paraîtront anodins tant ils correspondent à des évidences actuelles; mais, encore une fois, je vous demande de vous reporter un demi-siècle en arrière: nous sommes en mauvais termes avec le gouvernement de Vichy. Et, nous publions les phrases suivantes: «  Chaque personne humaine est également respectable. Elle a droit à son libre et complet épanouissement dans toute la mesure où celui-ci ne s'oppose pas à l'intérêt de la collectivité. Le syndicalisme français ne peut admettre en particulier: l'antisémitisme, les persécutions religieuses, les délits d'opinion, les privilèges de l'argent. Il réprouve en outre tout régime qui fait de l'homme une machine inconsciente, incapable de pensée et d'action personnelle. »

Réflexion faite, nous étions inconscients du danger. Mais l'inconscience n'est-elle la base de tous les courages? Les Allemands n'ont pas réagi, peut-être tout simplement, les services de propagande n'ont-ils pas lu notre texte. En revanche René Belin se mit dans une colère violente et me  menaça des pires représailles. Mais j'étais en zone occupée… à l'abri.

Le premier numéro de « Libération » sortit le 1er décembre 1940. Il fut tiré sur la ronéo de la Caisse d'assurance sociale, le travail fait par notre première militante Yvonne Tillaud. Notre journal devait paraître chaque semaine, sans une seule interruption, jusqu'à la Libération.

Bien entendu, nous n'étions plus douze, nous avons été rejoints par d'autres syndicalistes et des hommes de tous les milieux sociaux comme René Parodi, mort dans une prison allemande, Henri Ribière, Jean Texier qui rédigea « Libération » quand je fus astreint à la clandestinité. Charles Laurent, le général Decarville, le colonel Duc Dauphin, Paul Verneyras et bien d'autres dont vous trouverez les noms dans une plaquette que nous préparons pour conter l'histoire de « Libération-Nord ». Nous fûmes des milliers au combat; après la Libération nous avons dû renoncer à nous compter.



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