Libération-Nord.
Sa naissance.


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(Allocution prononcée par Christian Pineau)

Mon propos n'est pas aujourd'hui de refaire, même en partie l'histoire de la Résistance, ni de défendre des mémoires. Il est d'essayer de vous faire comprendre comment est née la Résistance en 1940, les difficultés qu'elle a rencontrées, les bases sur lesquelles elle s'est développée. Ne célébrons-nous pas un cinquantenaire?

Je vous demande de faire l'effort de vous reporter un demi-siècle en arrière.

La plus grande partie de la France est occupée, les armées allemandes sont victorieuses, les U.S.A. ne sont pas dans la guerre, les Russes ont signé le pacte germano-soviétique. Notre pays est dans un tunnel. Il reste tout juste au bout de ce tunnel une petite lueur. A Londres un général français à peu prés inconnu, a eu l'immense audace d'affirmer contre toute vraisemblance, que la France n'était pas vaincue. Mais la voix du général de Gaulle paraissait alors bien menue auprès de celle du maréchal Pétain, le vainqueur de Verdun, le signataire de l'armistice. Comment expliquer qu'alors un petit nombre de Français se soient rangés du côté de ceux qui refusaient la défaite, qui maintenaient l'espérance? 

En zone occupée le phénomène est plus simple qu'il n'y paraît: nous refusions en réalité la présence de ces jeunes hommes méprisants, hautains, parfois protecteurs, - ce qui était le plus insupportable,  - en tout cas vainqueurs.

Ce corps étranger, nous le digérions pas, notre organisme le rejetait par tous les moyens.

Ajoutons-y le sentiment que le seul choix possible était entre l'esclavage et la liberté. Il devenait pour nous: entre l'esclavage et la mort. Et celle-ci nous en acceptions l'hypothèse avec  la plus parfaite inconscience.

Je n'aime pas les grands mots mais le choix que nous avions à faire était décisif et irréversible. Toutefois, le chemin n'était pas facile entre le choix et l'action. Je connais beaucoup de camarades qui ont retardé leur entrée dans la Résistance parce ce qu'ils n'ont pas pu percer le mur qui les séparait du combat.

Nous n'avions pas, jusqu'à mon voyage à Londres en février 1942, de contacts sûrs avec les Anglais et la France Libre, pas de directives, pas d'armes, pas d'argent. La gestapo connaissait si bien notre situation qu'elle nous envoyait de faux émissaires dans les pièges desquels il ne fallait surtout pas tomber.

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