Mérignac, sous l'occupation.
© ville de Mérignac - 9/9/1994


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     Les activités des résistants sous l'Occupation à Mérignac même restent mal connues. Des Mérignacais s'affilièrent à des groupes qui s'affilièrent eux-mêmes à des réseaux plus vastes.

La base de la Luftwaffe attira les premières missions de renseignements dès 1940. Armand Gayral, avant son arrestation en 1941, est présenté comme un des responsables du groupe O.S.-F.T.P. des T.E.O.B. (tramways de Bordeaux). Gérard Blot, avant son arrestation en 1942, est présenté comme faisant partie des Bataillons de la jeunesse, d'inspiration communiste. Marcel Jougourd, avant son arrestation est présenté comme faisant partie d'un groupe de résistants de la métallurgie, "Ceux de la SNCASO". Jean Barrière, d'Arlac, mort à 36 ans le 5 mai 1943 à Brie - la Rochefoucault (Charente), est présenté comme appartenant aux F.T.P. girondins du groupe Ateliers Industriels de l'air; il aurait exécuté des missions en Charente. Entre 1940 et 1942, le groupe de l'usine Peugeot, à Beauséjour, participa à la collecte des renseignements d'ordre militaire ou économique sur place. Un groupe extérieur à Mérignac, le groupe Paul - Valéry, de Bègles, est indiqué comme ayant pratiqué des actes de sabotage autour du camp militaire de Beutre. Fin 1942 ou début 1943, le réseau "Buckmaster" sabota les câbles d'alimentation électrique de Mérignac. Au sein même du personnel de la mairie, Robert Coumes, rédacteur, résistant actif depuis 1940 connu de ses collègues, fut repéré par la Gestapo et la police vichyste. Il échappa de peu à l'arrestation sur son lieu de travail le 14 mars 1944 et sa fuite fut protégée par ses collègues et par le maire.

Robert Brettes et Gabriel Delaunay, militants de la S.F.I.O., firent partie des huits fondateurs du Comité d'action socialiste qui se réunit clandestinement à partir du 8 octobre 1940 à Bordeaux. Ce comité adhéra au mouvement Libération-Nord à la fin de l'année 1941. L'activité principale en 1942 paraît avoir consisté à se réunir et à diffuser la presse clandestine. Robert Brettes a été présenté dans un document postérieur comme membre du "comité directeur départemental" de "Libé-Nord". Le groupe se transforma en 1943 à l'occasion de son élargissement en Comité central girondin de la Résistance en vue de préparer l'après-guerre.

La mise en réseau de ces groupes entre eux et avec d'autres pour une meilleure coordination de la Résistance sous la direction de Londres, puis d'Alger, ne fut pas aisée (arrières-pensées politiques, rivalités des chefs de groupes ou de réseaux), ce qui provoqua quelques drames en 1943 et n 1944 dans la résistance girondine.

L'action de renseignement des groupes contribua à l'information des Alliés sur la situation des installations stratégiques de Mérignac: la base de la Luftwaffe à Beutre et à Teynac, la SNCASO à Lartigue. Le résultat se traduisit par des bombardements visant essentiellement à les neutraliser dans les mains de l'Occupant. Dans le journal de Maurice Rémon, on dénombre trois bombardements en 1940 (23 novembre, 17 et 27 décembre), deux bombardements en 1941 (13 et 14 avril), deux alertes en septembre 1942, 3 bombardements en 1943 (3 janvier, 24 août et 5 décembre) et deux alertes (les 16 et 28 avril). Les bombardements de 1944 furent les plus nombreux (5 janvier, 21 et 27 mars, 29 et 30 avril, plusieurs au mois de mai). Ceux de janvier et de mars furent particulièrement précis et violents: l'aéroport fut détruit et on déplora dix-sept ou dix-huit victimes civiles sans compter les nombreux blessés. La Luftwaffe fut contrainte de déplacer ses avions sur Avignon et Mont-de-Marsan, mais elle fit installer des pieux anti planeurs dans les landes de l'Ouest.