Le combat de Saucats.
Vu par Jacques Delperriè de Bayac.

Retour.

Source:
Histoire de la Milice, Jacques Delperrié de Bayac.



Le 13 juillet 1944 à Bordeaux, un jeune homme, Marcel Hosteins, âgé de dix-huit ans, se vante dans un bar d'appartenir à un maquis. Pour appuyer ses dires, il sort un pistolet de sa poche. Un milicien qui se trouve là va chercher ses camarades. Marcel Hosteins est arrêté et interrogé par l'équipe du 2ème service de Lucien Dehan: il parle. Les miliciens apprennent que le maquis est cantonné au lieu-dit "Richemont", commune de Saucats, qu'il comprend une vingtaine de jeunes gens, en majorité des étudiants. Marcel Hosteins précise que la ferme où se trouvent ses camarades est isolée et qu'elle est gardée de nuit par deux sentinelles armées de mitraillettes.

Lucien Dehan se rend aussitôt auprès du chef du SD, l'Allemand Dohse, en compagnie du commissaire Penot, de la Délégation spéciale des Renseignements généraux. Le SD promet son appui. L'expédition est décidée pour le lendemain matin à l'aube.

A propos de Saucats, le lieutenant-colonel d'aviation de réserve Robert Franc, chef régional de la Milice à Bordeaux, dira le 20 septembre 1944:

"Au point de vue militaire, l'action de la Milice dans la région a toujours été commandée par moi dans le but de sauver le maximum de vies françaises."

"Le 13 juillet dernier, à la suite de l'arrestation d'un jeune homme Hosteins, appartenant à un maquis des environs de Saucats (Gironde), et avisé que la police allemande connaissait cette affaire, j'ai demandé d'abord la vie sauve du jeune Hostein, et ensuite la participation de quinze miliciens à l'opération décidée par les Allemands afin que sommations de déposer les armes soient faites par les Français et, par là, d'essayer d'obtenir la vie sauve à ceux qui se rendraient. J'ai pu participer à l'opération, mais il n'a pas été répondu à mes sommations et mes désirs n'ont pu être exaucés. Les Allemands se sont rendu compte du but que je poursuivais. Ils l'ont prouvé en me demandant quelques jours plus tard la participation de la Milice à une opération du côté de Lesparre où ils m'ont fait faire des sommations devant une ferme qu'ils savaient vide, cherchant ainsi à ridiculiser mes hommes."


Le 14 juillet au matin, une cinquantaine de miliciens sous le commandement du chef Franc et une quarantaine d'Allemands (SD, Feldgendarmes et douaniers) sous le commandement du lieutenant Kunech se rendent à Saucats et encerclent la ferme de Richemont. Le chef Franc somme les maquisards de s
e rendre. Il n'obtient aucune réponse. La fusillade commence. les maquisards se battent avec l'énergie du désespoir. Après environ trois heures de combat, les Allemands font intervenir une pièce d'artillerie de 77mm qui tire de plein fouet six obus sur la ferme qu'ils pulvérisent.

Selon le chef régional de la Milice, c'est par hasard qu'une colonne d'artillerie allemande s'est trouvée passer à proximité au moment du combat. En fait, il semble que ce soient les Allemands qui ont demandé de l'aide.

Comme l'a déclaré le lieutenant-colonel Franc, Marcel Hostein qui, par ses bavardages et ses vantardises, porte une lourde part de responsabilité dans cette tragédie, ne fut pas exécuté.