André Meunier dit Mureine (Suite).

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Vers écrits dans sa prison.

Ils sont là, enfermés comme dans une tombe
Sans sortir, sans fumer, sans nouvelles des leurs.
Ni livres, ni journaux, pour rattacher au monde
Ces hommes au visage effrayant de pâleur.

Leurs vêtements sont pleins d'une vermine immonde.
Dans un coin la latrine apporte sa senteur
A l'air pestilentiel. Leur détresse est profonde
Et souvent la torture aggrave leur malheur.

Cependant, dans leurs yeux, une fière assurance
Luit, et leur maintien montre au barbare geôlier
Que rien n'altérera leur foi, leur espérance...

____, durs combattants que rien ne fait plier,
Soyez fiers et joyeux. Bientôt la grande France
Retrouvera sa place auprès de ses alliés.

Fort du Hâ, 30 octobre 1943
Parfois le noir cafard entre dans la cellule
Alors sourcils froncés, mâchoires contractées,
Et les deux poings rageusement crispés, il calcule
Marchant en rond dans cet espace limité.

Par de légers frissons, en rides minuscules
Son visage frémit et l'on suit les pensées,
Qui dans le cerveau lourd tournent et se bousculent,
Tour à tour souvenirs et projets insensés.

Du passé, nul regret, pas une seule plainte
Le souvenir des êtres chers et doux au coeur
Et l'action prépare aux plus rudes contraintes.

Mais être là, paralysé, quelles rancoeurs
Oh ! pouvoir échapper à cette dure étreinte
Retrouver le combat pour en sortir vainqueur.

Fort du Hâ, 5 novembre 1943