Réseau Jade-Amicol
Affaire d'espionnage Favrichon et Sieffert.
Suivie par le K.D.S Bordeaux


IV E.5 P.A. 7758                                                            Bordeaux le 12/10/1943

IV – INTERROGATOIRE

(transcriptions de documents officiels)


Amené de la prison, se présente le ressortissant Français Favrichon et exhorté de dire la vérité, il déclare ce qui suit:

Pour la transmission des nouvelles, nous étions en possession de 2 postes émetteurs. J’ignore qui a apporté dans l’immeuble n° 36 le premier appareil. Le deuxième appareil me fut transmis par Moniot pour Sieffert il y a 1 mois et demi et c’est moi qui l’ai porté dans l’immeuble n° 36. Les appareils furent conservés dans l’immeuble n° 36 après les transmissions.

En dehors des transmissions dans l’immeuble n° 36, d’autres transmissions furent exécutées dans ma demeure rue Charles Chaumet n°17 et chez un certain Reiller (Bonnet) à Bonnet-Temps, à environ 6 Km. de Bordeaux, également chez Feutry à Pessac ou Talence et chez Balmas route d’Eysines. La plupart des transmissions furent cependant exécutées dans l’immeuble n°36. Reiller et Feutry sont également occupés à la Société des Tramways. Je ne sais pas si ces deux ont été rémunérés pour les transmissions par Moniot. Moniot également a fait le nécessaire pour qu’on transmsette des nouvelles de chez eux. On émettait une fois chez Balmas, 2 fois chez Reiller et Feutry et 3 à 4 fois chez moi. Je crois que ces gens étaient mis au courant par Moniot de quoi il s’agissait puisqu’on ne parlait de rien à notre arrivée. Balmas et Reiller sont occupés au dépôt des Tramways, tandis que Feutry est occupé au Service extérieur.

J’ai constaté les noms d’emprunt suivants:

Pour Feutry
Balmas
Reiller
Robert
Favrichon
Sieffert
FLEUT
BALM
bonnet ou REIL
VICTOR
MARC
LOUIS

Demande : Qui a fait le nécessaire pour que les dernières personnes mettent leur maison à la disposition des transmissions de nouvelles ?

Réponse: il n’y a que Moniot qui peut l’avoir fait, puisque je n’étais pour rien dans cette affaire. Sieffert et Robert m’ont conduit à ces endroits de transmissions. Moniot se contenta de me dire: «cette fois nous allons à tel ou tel endroit: par exemple chez Feutry, ou chez Balmas, etc…

Demande: Quand est-ce que vous avez vu pour la dernière fois le 2ème poste émetteur ?

Réponse: Je l’ai vu début septembre 1943 dans l’immeuble 36. j’ignore si Sieffert ou Robert a porté l’appareil en question à un autre endroit. Comme je l’ai déjà indiqué, je recevais habituellement les messages à émettre de Moniot pour les transmettre à Sieffert ou à Robert. Les messages étaient chiffrés, de façon que le contenu m’en était inconnu. Le jour de mon arrestation j’avais à nouveau reçu des messages de Moniot. Je me suis rendu dans l’immeuble 36 ou Sieffert et Abel étaient déjà présents. Abel quitta l’immeuble après mon entrée puisqu’il venait de finir son heure d’apprentissage.

Sieffert émettait des messages tandis que je me trouvais dans la pièce du milieu et lisais.

Vers 15 heures on frappait à la porte et je pouvais m’apercevoir de ce que des civils allemands se trouvaient en assez grand nombre dans le voisinage de l’immeuble 36. je ne pouvais que supposer qu’il ne pouvait s’agir que de nous, je fermais la porte et demandais à Sieffert de démonter immédiatement le poste. Je brûlai encore quelques notes. En outre, j’étais encore en possession d’une feuille de papier sur laquelle étaient marqués environ 150 mots du livre «Poésie de Musset"; avec l’aide de ce livre, j’étais à même de déchiffrer des nouvelles chiffrées. C’est de Moniot que j’avais reçu ce code pour que je puisse le cas échéant lors d’une arrestation de Moniot en donner des nouvelles à Londres. Je ne connais pas la partie technique des émissions, Sieffert pourrait tout au plus vous en informer.

Demande : Vous est-il connu si Moniot avait encore recruté d’autres agents pour son activité de transmission de messages?

Réponse Je n’en ai pas connu d’autres. Dans la journée Moniot recevait des personnes dans son bureau, qui, à mon avis, venaient le trouver pour des raisons de service. Deux fois je me suis rendu dans la demeure de Moniot sur son invitation pour y recevoir des instructions pour le déchiffrage des télégrammes. Ces instructions me permettaient de procéder aux déchiffrages.


Les deux révolvers trouvés dans ma demeure m’appartiennent. L’un d’eux est en ma possession depuis 1925, l’autre m’a été donné par Moniot. J’en possédais également la munition nécessaire. Je n’ai pas donné mon arme parce que je voulais la garder comme souvenir bien que je savais que je n’en avais pas le droit. Je n’ai jamais porté d’armes sur moi. Le jour de mon arrestation j’ai tout de suite indiqué l’endroit où je gardais ces armes.

Demande: Est-ce que vous avez convenu quelque chose avec Moniot sur le cas d’une arrestation ?

Réponse:Moniot m’a demandé de prévenir Londres que les émissions étaient maintenant arrêtées. J’ai brûlé la fiche à ce sujet donnée par Moniot, le jour de mon arrestation.

J’ignore pour quelle organisation Moniot a travaillé. Je suis Français et je ne demande pas autre chose que la France soit à nouveau libre un jour.

Mes indications correspondent à la vérité. Je n’ai plus rien à y ajouter. Si je me souvenais encore de quelque chose, je vous le ferais savoir.

Mes déclarations m’ont été lues en langue française et je les reconnais exactes.

Lu, persiste et signe :
Signé: Favrichon

KAISER
Interprète et Capitaine S.S
Signé: Schöder
Sous-lieutenant S.S


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